Origine et histoire
Le parc du domaine de Chantilly s'étend autour d'un château implanté sur l'emplacement d'une forteresse médiévale et se déploie sur 115 hectares, dont 25 hectares de plans d'eau, auxquels s'ajoutent 60 hectares pour le parc de Sylvie ; la vaste forêt de Chantilly, de 6 310 hectares, fait partie intégrante du domaine. Les origines du site remontent à une forteresse médiévale entourée de douves, puis à une série d'aménagements successifs réalisés par les familles qui se sont succédé, notamment les Montmorency puis les Condé. Le Petit Château, construit pour le connétable Anne de Montmorency par Jean Bullant en 1551, constitue la partie la plus ancienne encore visible du domaine. Au XVIIe siècle, Louis II de Bourbon-Condé, dit le Grand Condé, confie à André Le Nôtre la transformation des jardins : Le Nôtre canalise la Nonette pour créer le Grand Canal et trace les parterres à la française qui soulignent l'axe Nord-Sud de la terrasse et l'axe Est-Ouest du canal. Daniel Gittard et Jules Hardouin-Mansart participent aux travaux d'ensemble, qui comprennent la création de la terrasse, du grand degré et d'aménagements intérieurs du château. Aux XVIIIe siècle, Jean Aubert réaménage le Grand Château et construit, entre 1719 et 1740, les Grandes Écuries, édifice monumental long de 186 mètres destiné à abriter chevaux et équipage de chasse. Le domaine connaît au XVIIIe des embellissements variés : labyrinthe, jeux d'eaux, fabriques et un jardin anglo-chinois avec un hameau d'agrément, ainsi que la manufacture de porcelaine et un cabinet d'histoire naturelle. La Révolution et l'Empire entraînent des ventes partielles, des démolitions et la conversion du Grand Château en prison politique ; seuls le Petit Château et les Grandes Écuries échappent à la destruction complète. Au XIXe siècle, après des réparations et des aménagements paysagers dans le goût anglais, le domaine revient au duc d'Aumale, qui rassemble de riches collections de peintures, dessins et livres, et fait reconstruire le château entre 1876 et 1882 sur les anciennes fondations, suivant les plans d'Honoré Daumet. Le duc d'Aumale lègue ensuite l'ensemble à l'Institut de France, qui ouvre le château au public sous le nom de musée Condé, conservant la fonction muséale voulue par le donateur. Le parc conserve les caractères des projets successifs : parterres à la française entre la terrasse et le Grand Canal, perspectives longues et vues surprises depuis la grille d'honneur, ainsi que des éléments plus pittoresques comme le jardin anglo-chinois et le jardin anglais conçu au début du XIXe. Le Petit Parc, aménagé sur le plateau calcaire, joue le rôle de transition entre parc et forêt et a abrité des promenades, bosquets et jeux aujourd'hui en grande partie disparus. La Maison de Sylvie, liée à la tradition littéraire et aux Montmorency, subsiste au fond d'un parc qui porte son nom et a été remaniée au fil des siècles. Les Grandes Écuries, outre leur vocation historique, accueillent aujourd'hui le musée vivant du Cheval après des restaurations et des aménagements muséographiques. Le domaine reste un ensemble paysager et patrimonial complexe, résultat d'occupations et d'interventions successives, et continue d'être entretenu et présenté au public ; un incendie survenu en novembre 2022 a toutefois provoqué l'évacuation de visiteurs et attiré l'attention sur la vulnérabilité des lieux.