Origine et histoire du Parc et la Grotte de Majolan
Le parc et la grotte de Majolan, situé à Blanquefort (Gironde), est un parc public aménagé autour d’un vaste plan d’eau et d’un château. Le château fut acheté en 1862 par Joseph Prom et reconstruit à cette occasion; à la fin du XIXe siècle il fut transformé en résidence luxueuse. Sur d’anciens marais, le paysagiste Louis Le Breton réalisa entre 1870 et 1880 un parc romantique, agrémenté d’un plan d’eau et planté d’espèces exotiques. Ce terrain, issu du domaine de Dulamon acquis par Jean Gustave Piganeau par son mariage avec la fille de Joseph Prom, nécessita le détournement de la Jalle pour créer le lac. Le parc visait alors à manifester la richesse de son propriétaire en imitant des réalisations parisiennes; la tradition locale ajoute la légende selon laquelle il devait servir à consoler la fille malade du commanditaire. À la fin du XIXe siècle, ponts, rocailles et fausses ruines furent conçus pour relier les berges et les îles, et, dans les années 1880, un ensemble de grottes et de canyons artificiels fut implanté près des aménagements de l’ancien moulin. Ces grottes, ouvertes à l’extrémité du vaste plan d’eau creusé en contrebas du château, sont présentées par un appareillage de moellons maintenus par des crampons métalliques scellés et enduit à la chaux hydraulique, créant un trompe-l’œil qui suggère des cavités naturelles. L’édifice abrite un réseau de galeries labyrinthiques menant à de petites salles; l’une, au sol mosaïqué, s’ouvre sur le plan d’eau et servait d’embarcadère, une autre conserve les emplacements des anciens aquariums aménagés dans les murs. Au niveau supérieur, une étroite galerie prolongée par une passerelle conduit à un belvédère décoré de mosaïques et de briques et doté de bancs. Après la faillite de Gustave Piganeau, le domaine changea de propriétaires, connut un quasi-abandon puis fut acquis par un agriculteur; dans les années 1950 une guinguette y fut installée. La commune devint propriétaire en 1975 et ouvrit le parc au public en 1984. Les grottes furent inscrites à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques le 21 décembre 1987 et l’ensemble du parc fut inscrit par arrêté le 18 janvier 2007. Une importante rénovation dirigée par la paysagiste Graziella Barsacq, l’architecte Fabien Pédelaborde et l’artiste mosaïste Danielle Justes, d’un montant de trois millions d’euros, fut menée en 2007-2008, et le parc fut rouvert le 29 mai 2008. Le parc illustre le savoir-faire des architectes, ingénieurs, artisans et artistes de la fin du XIXe siècle : une zone marécageuse de 20 hectares fut modelée, 150 000 m3 de terre furent déplacés à la pelle pour creuser le lac de 4 hectares et façonner les différents secteurs. Les grottes artificielles et les ruines, réalisées à la chaux, témoignent d’une ingénierie hydraulique remarquable, avec fontaines, geysers et aménagements de rocaille. De nombreux ponts, de styles variés — en lianes, gothique, en faux bois ou en fer forgé — ponctuent le parc, qui comprend notamment le lac, les grottes, des cascades et des sculptures et mosaïques contemporaines réalisées entre 2006 et 2008 par Danielle Justes.