Origine et histoire du Pavillon de Manse
Le pavillon de Manse, aussi appelé « moulin des princes », se situe au centre de Chantilly, au bord de la Nonette, à dix minutes du château. Dépendant du domaine de Chantilly, propriété de l'Institut de France, il a été construit en 1678 par le prince de Condé pour abriter la machine destinée aux Grandes Eaux. Contemporaine de la machine de Marly à Versailles, cette installation élevait l'eau d'une source afin de remplir un réservoir et d'alimenter les bassins, fontaines, cascades et jets d'eau du jardin ouest dessiné par Le Nôtre.
Le prince Louis II de Bourbon-Condé avait fait appel à André Le Nôtre à partir de 1662 pour aménager les jardins et leurs jeux d'eau, ce qui nécessitait un nouvel apport en eau et une machine capable d'élever l'eau sur 25 mètres. Il confia l'ouvrage hydraulique à Jacques de Manse, spécialiste de l'hydraulique, et les plans du bâtiment furent dressés par Jules Hardouin Mansart. La machine comprenait une grande roue en bois de 7,8 mètres de diamètre, entraînée par le canal de la Machine, et six corps de pompe en bronze qui prélevaient l'eau d'une source située à l'aplomb du bâtiment. L'eau était portée par des tuyaux en cuivre vers une bâche placée sous les combles à 25 mètres de hauteur, puis conduite souterrainement jusqu'à un réservoir situé à 400 mètres sur la pelouse, près de l'actuel hippodrome. Ce réservoir fut supprimé en 1768 pour vétusté ; un autre ouvrage, créé en 1720, existe encore mais a été fortement réduit et est aujourd'hui à sec. Le débit de la pompe était d'environ 62 m3 par heure, soit 1 500 m3 par jour, un volume insuffisant pour un approvisionnement permanent des bassins.
Pendant la période révolutionnaire, le domaine fut déclaré bien national et la machine élévatoire municipalisée ; les annexes furent intégrées à des complexes industriels, notamment la manufacture de porcelaine dirigée par l'Anglais Christophe Potter et, plus tard, une filature de coton et une fabrique de toiles peintes exploitée par M. Richard dit Richard-Lenoir. À la fin du XVIIIe siècle, le pavillon fut flanqué d'un bâtiment horizontal destiné à accueillir des activités industrielles et, sous la propriété de François Richard-Lenoir, une fabrique de tissage s'établit à proximité.
Au XIXe siècle, le duc d'Aumale transforma le site : il fit démanteler la machine du XVIIe siècle et la remplacer par une nouvelle pompe, fit installer un système de turbine en 1870 et fit réaliser un forage de plus de 100 mètres de profondeur pour alimenter en eau potable le château et ses dépendances. Il fit également ajouter en 1885 une blanchisserie mécanisée, l'une des plus modernes de son époque, dont le bâtiment adjacent est encore visible. L'activité industrielle du pavillon cessa en 1987.
L'édifice et ses machines ont été classés en 1989 ; l'Institut de France en est le propriétaire. En 1997, une association s'est constituée pour restaurer l'intérieur et les machines hydrauliques ; la machine du XVIIe siècle a été reconstituée et inaugurée en 2005. L'association du Pavillon Jacques de Manse assure depuis les visites et l'entretien du bâtiment. Une campagne de restauration de l'extérieur s'est déroulée de 2009 à 2011 sous la maîtrise d'ouvrage de l'Institut de France.