Origine et histoire
Le pavillon de musique de Madame, également appelé pavillon de musique de la comtesse de Provence, se situe au n°111, avenue de Paris à Versailles (Yvelines, Île‑de‑France). Il a été construit en 1784 par l'architecte Jean‑François Chalgrin pour la comtesse de Provence, épouse de "Monsieur", frère du roi Louis XVI et futur Louis XVIII. Il faisait partie d'un vaste domaine, aujourd'hui morcelé, qui comprenait aussi le pavillon Madame, intégré depuis 1913 au lycée privé Sainte‑Geneviève.
À partir de 1780 la comtesse reconstitua un domaine d'une douzaine d'hectares dans le faubourg du Grand Montreuil à Versailles, qu'elle fit aménager en parc à l'anglaise et qu'elle agrémenta de nombreuses fabriques. Le pavillon de musique, édifié en 1784 par Chalgrin, appartenait à cet ensemble : Chalgrin était alors premier architecte et intendant des bâtiments du comte de Provence. La plupart des fabriques furent détruites pendant et après la Révolution, période à l'occasion de laquelle le domaine fut saisi comme bien national. Vendu le 10 avril 1794 et partagé en deux lots, il fut acheté par la famille du bijoutier Mellerio, qui fit agrandir le pavillon en 1820 par l'architecte Jean‑Jacques‑Marie Huvé. Après plusieurs mutations, cette partie du domaine fut adjugée à Alfred Chauchard, fondateur des Grands Magasins du Louvre. En 1902, Chauchard fit don du terrain à une société immobilière qui y créa 105 lots attribués aux employés les plus méritants ; au cœur de ce lotissement, dit parc Chauchard, subsiste le pavillon de musique. En 1960 Jacques et Lydie Bazaine l'acquirent et le restaurèrent ; il appartient aujourd'hui à leur petit‑fils.
Deux pièces du pavillon sont particulièrement remarquables. Sous le dôme, une rotonde circulaire abrite un salon de musique à l'acoustique singulière, éclairé par un lanternon et décoré de fresques en trompe‑l'œil représentant une colonnade au milieu d'un parc ainsi que des motifs floraux évoquant l'exubérance d'un jardin à l'anglaise, symbole de l'appel de la nature cher à Rousseau. Un salon octogonal ouvrant sur le jardin présente un décor précieux de guirlandes de fleurs en stuc et de médaillons imitant la porcelaine de Wedgwood, portant le monogramme M de « Marie‑Joséphine ». Une vue du pavillon a été gravée par Krafft.
Le pavillon est protégé au titre des monuments historiques et a été classé dans son intégralité par arrêté du 26 mars 1943. La bibliographie signalée comprend notamment des ouvrages de Bernd H. Dams et Andrew Zega, un article de Philippe Seulliet, des notices de Michel Gallet et le Guide du patrimoine dirigé par Jean‑Marie Pérouse de Montclos. Parmi les ressources et articles connexes figurent le Pavillon Madame, la liste des monuments historiques de Versailles, l'ancienne laiterie de Madame, le lycée privé Sainte‑Geneviève et plusieurs notices en ligne (Mérimée, portails des Yvelines, du néo‑classicisme, de Versailles et des monuments historiques français).