Patrimoine classé
Pavillon de Vendôme (cad. 488, 491) : classement par arrêté du 27 mars 1914 ; Jardin ; façades et toitures des deux pavillons dans le jardin à droite et à gauche du Pavillon de Vendôme (cad. 492, 493) : classement par arrêté du 15 octobre 1953 ; Parc entourant le Pavillon de Vendôme (cad. 385, 389 à 391, 395, 396 à 399, 446 à 448, 503, 504, 506, 507, 509, 510, 510bis, 512, 517, 518, 519) : inscription par arrêté du 15 octobre 1953
Personnages clés
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| Louis de Mercœur |
Duc de Vendôme, acquéreur initial de la parcelle et commanditaire de la construction du pavillon. |
| Antoine Matisse dit La Rivière |
Architecte ayant conçu les plans initiaux du pavillon. |
| Pierre Pavillon |
Personnage associé à la tradition architecturale du pavillon. |
| Gautier de la Molle |
Avocat général ayant acheté et modifié le pavillon au début du XVIIIe siècle. |
| Jean-Baptiste van Loo |
Peintre ayant installé son atelier au second étage du pavillon. |
| Henri Dobler |
Amateur d'art suisse ayant acquis et restauré le pavillon au début du XXe siècle. |
Origine et histoire du Pavillon de Vendôme
Le pavillon de Vendôme, aussi appelé pavillon de La Molle, est un ancien hôtel particulier d'Aix-en-Provence doté de deux entrées, au 34 rue Célony et au 13 rue de la Molle, et d’un jardin à la française. Il abrite le musée du Pavillon de Vendôme-Dobler, qui accueille depuis les années 1990 des expositions d'art contemporain et de photographie ainsi que des visites guidées.
En 1664 Louis de Mercœur, futur duc de Vendôme, acquiert la parcelle hors des remparts dans le faubourg des Cordeliers et y fait édifier une maison de campagne entourée de murs crénelés et pourvue d'importants travaux d'adduction d'eau. La construction commence au printemps 1665 selon les plans d'Antoine Matisse dit La Rivière ; le nom de Pierre Pavillon apparaît également dans la tradition, sans qu'un contrat en porte officiellement la paternité. Le bâtiment primitif comprenait un seul étage surmonté d'un toit à la Mansart en ardoise et un rez-de-chaussée ouvert laissant passer les carrosses. La tradition rapporte que le duc y menait une vie privée mouvementée et que des légendes locales entourent sa mort au pavillon.
Son fils, le Grand Vendôme, vend la propriété à l'avocat général Gautier de la Molle, qui fait fermer les arcatures du rez-de-chaussée, achève les décors intérieurs, ajoute un étage et remplace la couverture par une toiture en tuiles romaines, donnant au pavillon son nom de Pavillon de La Molle. Au milieu du XVIIIe siècle, le peintre Jean-Baptiste van Loo installe son atelier au second étage, puis la demeure devient la propriété de Barthélemy-Louis Reboul. Pendant la Révolution le pavillon est vendu comme bien d'émigré; en 1824 il est acquis par l'abbé Jean-Joseph-Pierre Guigou qui le cède aux religieuses du Sacré-Cœur pour en faire un établissement d'enseignement et un pensionnat tout au long du XIXe siècle.
En 1906 l'amateur d'art suisse Henri Dobler achète le pavillon, entreprend des restaurations et reconstitue une partie du mobilier d'origine; il fait classer la façade et le jardin en 1914. À sa mort il lègue ses collections à la ville d'Aix et, après le décès de son épouse en 1954, le bâtiment devient la propriété de la ville pour être aménagé en musée.
Le pavillon de Vendôme est classé monument historique; la date de classement figure en 1914, et le jardin, ainsi que les façades et toitures des pavillons d'angle et le parc, font l'objet de mesures de protection supplémentaires en 1953.
Architecturalement, l'édifice illustre un bel exemple de classicisme provençal : bâti à partir de 1665 en pierre jaunâtre des carrières de Bibémus, il présente aujourd'hui trois niveaux ordonnés par des pilastres dorique, ionique et composite, et une façade ornée de deux atlantes sculptés en pierre blanche de Calissanne qui encadrent l'entrée et soutiennent un balcon à ferronneries d'origine. Ces atlantes, attribués à Jean-Claude Rambot avec la participation de Pierre Pavillon, s'inscrivent dans un décor complété par guirlandes fruitières et un mascaron évoquant l'été; jusqu'à la Révolution, deux bustes du roi et du dauphin ornaient les consoles du deuxième étage.
L'intérieur conserve un escalier d'honneur remarquable du XVIIIe siècle, avec rampe en fer forgé, sculptures en gypserie, sphinx, putti et aigles; certaines salles conservent des plafonds peints et des parements en cuir de Cordoue. Les collections comprennent portraits et dessins des XVIIe et XVIIIe siècles, un ensemble de mobilier provençal, une commode estampillée Foullet et des faïences de Moustiers des XVIIe et XVIIIe siècles.
Le jardin à la française, reconstitué d'après des gravures du XVIIe siècle et ouvert au public, est centré sur une fontaine circulaire ornée d'un putti; des pavillons d'angle subsistent, dont l'un transformé en chapelle au XIXe siècle, et les extérieurs étaient dès l'origine ceints de murs crénelés pour protéger la propriété.
Des fouilles réalisées sur le site ont mis au jour une mosaïque en damier noir et blanc d'environ dix mètres, un chapiteau corinthien en marbre et des fragments de colonnes, et l'archéologue Robert Ambard note que la partie la plus ancienne du mur située rue Tavan renferme des éléments de marbre et des fragments de tuiles antiques.