Origine et histoire du Pavillon du Butard
Le pavillon du Butard est un ancien rendez‑vous de chasse situé dans la forêt domaniale de Fausses‑Reposes, à La Celle‑Saint‑Cloud (Yvelines, Île‑de‑France). Construit pour Louis XV dans les années 1750 par l'architecte Ange‑Jacques Gabriel, il faisait partie d'une série de pavillons de chasse réalisés pour le roi. À partir de 1752, des dépendances furent ajoutées, notamment une laiterie, une vacherie, une écurie et un pavillon de garde. Le pavillon accueillit également Louis XVI lors de parties de chasse. Saisi pendant la Révolution, il fut vendu à François‑Nicolas Périgon puis acquis par Joséphine de Beauharnais avant de revenir à l'État lors de leur divorce. Peu utilisé sous la Restauration, il retrouva l'attention sous le Second Empire lorsque l'architecte Charles‑Auguste Questel, en 1860, supprima la plupart des dépendances et construisit un deuxième logement de garde sur le modèle du premier. Durant la guerre de 1870, occupé par les troupes prussiennes, le pavillon fut saccagé et ses boiseries brûlées. Après la Commune, la gestion revint à l'administration des Eaux et Forêts puis à l'Office national des forêts, et le bâtiment connut une longue période d'abandon avant d'être de nouveau loué à partir des années 1900. Diverses personnalités se succédèrent comme locataires : Edmond Blanc, Paul Poiret qui y entreprit d'importants travaux et organisa fêtes et concerts entre 1911 et 1917, puis Maurice Métayer. En 1933 la société du Vieux Marly y installa un musée, mais l'édifice fut endommagé par l'explosion d'une bombe dans la nuit du 16 juin 1944. Après la Libération, le pavillon servit de refuge à certaines personnalités et fut mis à la disposition des présidents de l'Assemblée nationale ; il fut également impliqué dans l'affaire dite « des ballets roses » en 1959. L'État resta propriétaire ; en 2015 la SPPEF a contesté un décret de cession visant la vente du pavillon et de deux maisons forestières, et en 2019 le Centre des monuments nationaux s'est montré intéressé. L'accès se fait par le chemin du Butard via l'avenue des Puits (RD 173), qui marque la limite communale avec Vaucresson. Architectoniquement, le pavillon présente une façade sobre : un perron mène à une porte vitrée surmontée d'un fronton triangulaire sculpté en haut‑relief représentant la chasse au sanglier, motif rare parmi ces pavillons, tandis que des portes latérales sont ornées de têtes de cerf en médaillon. Un ancien portail encadré de pilastres conduisait à une cour pavée ; à droite, un escalier extérieur dessert l'entresol et les caves. À l'intérieur, le vestibule conserve un sol en carreaux damiers noir et blanc et ses proportions anciennes, sauf l'ouverture d'une porte de service percée en 1860. À gauche du vestibule, le cabinet de chaise, équipé d'un parquet, d'une table d'écriture et de fauteuils, comportait une chaise d'aisances en palissandre et fut transformé en cuisine lors des travaux de 1860 ; à droite, le réchauffoir, simple et carrelé, servait à réchauffer les mets et devint un petit salon à la même époque. Le salon principal est une pièce circulaire au parquet en point de Hongrie, dotée de fenêtres alternant avec des portes, d'une cheminée et d'un plafond bleu orné d'une frise d'amours ; ses balcons offrent une vue dégagée sur les bois. L'entresol comprend une suite de trois pièces basses de plafond éclairées par des fenêtres rasantes, dont deux portent aujourd'hui les noms de Salon vert et Salon fleuri. Le pavillon a été classé au titre des monuments historiques dans son ensemble par arrêté du 29 août 1927, et certaines parties intérieures ont fait l'objet d'un classement le 24 mai 2024.