Origine et histoire
Les pétroglyphes de Sainte-Luce comptent parmi les plus anciens témoignages humains laissés en Martinique par les civilisations précolombiennes et font partie des rares vestiges de ce type connus aux Antilles. Ils remontent aux toutes premières occupations de l’île par des groupes d’agriculteurs précolombiens arrivés à partir du premier siècle de notre ère. Le site des Roches gravées de Montravail est l’un des trois sites d’art rupestre amérindien actuellement connus sur l’île, avec celui du Galion à La Trinité et celui de Châteaubœuf à Fort-de-France. Il est protégé au titre des monuments historiques par un arrêté du 7 novembre 1996.
Le site a été signalé pour la première fois en 1970 par Jean Crusol, qui l’a communiqué à Mario Mattioni, alors directeur du musée d’archéologie, d’histoire, d’arts et traditions populaires de la Martinique ; Mattioni a réalisé les premiers relevés des gravures et présenté ses observations au congrès international consacré aux civilisations précolombiennes des Petites Antilles l’année suivante. Plusieurs spécialistes se sont ensuite intéressés au site, parmi lesquels Henry Petitjean-Roget, Cornelis Nicolaas Dubelaar, qui a étudié d’autres roches, et Alain Gilbert. En 2007, l’INRAP a mené un diagnostic et, en 2015, une opération de sondage n’a livré que peu de matériel amérindien, essentiellement quelques tessons attribués au Saladoïde moyen à récent.
Les roches gravées se trouvent à environ 3,5 km de la côte sud de la Martinique et à 200 m d’altitude, près de la forêt de Montravail. Après être passé par la famille Chou, le terrain a été acquis par le conseil général en 2009 dans la perspective d’un projet de tourisme culturel. Le site se présente comme un chaos rocheux composé de cinq blocs d’andésite ornés sur une surface d’environ 18 m sur 8 m ; les gravures ont été réalisées par piquetage et bouchardage et représentent principalement des visages stylisés, tandis que des cupules probables ont été repérées en périphérie.
Le bloc principal, haut de 1,64 m et long de 2,04 m, porte treize visages dont les yeux sont particulièrement marqués, ainsi que le contour, le nez et la bouche ; un quatorzième visage est gravé au sommet. Le visage central, caractérisé par une bouche en trident, se distingue nettement et la disposition des autres figures semble s’articuler avec les fissures naturelles de la roche. D’autres blocs présentent également des visages, notamment sur les arêtes.