Origine et histoire du Phare d'Ailly
Le phare d'Ailly, situé sur la pointe d'Ailly en Seine-Maritime, se dresse au sud-ouest de Dieppe, entre Varengeville-sur-Mer et Sainte-Marguerite-sur-Mer. Trois phares se sont succédé sur cette falaise, sans cesse menacée par l'érosion causée par les marées et les tempêtes. Le premier feu, allumé en 1775 comme foyer ouvert puis vitrifié cinq ans plus tard, s'appuyait sur une tour quadrangulaire en pierres blanches de 18 mètres, avec une lanterne de 5 mètres dominant la mer à 93 mètres. Dès 1776 on modifia le réchaud pour réduire la consommation de charbon — évaluée à 600 kg par nuit — et on installa un treuil pour faciliter le transport du combustible, tandis que la maison des gardiens était construite. Les dispositifs d'éclairage évoluèrent : le réchaud fut remplacé par des réverbères en 1780, des réflecteurs paraboliques apparurent en 1820, Augustin Fresnel proposa en 1822 l'emploi de lentilles, et des travaux de restauration et d'installation du premier appareil catadioptrique furent menés en 1852. Malgré ces améliorations, la tour resta très exposée à l'érosion, bien qu'érigée à 156 mètres du bord de la falaise. L'idée d'un nouveau phare remonte à 1890 et, de 1896 à 1899, une tour octogonale en pierres grises et briques rouges fut édifiée sur un large soubassement en pierres de Marquise, sur des fondations en béton, à 90 mètres en retrait de la première tour. Ce deuxième phare, mis en service le 15 septembre 1899, mesurait 29 mètres et dominait la mer à 99 mètres, avec une focale à 24,50 mètres ; son intérieur était cylindrique, revêtu de faïences bleu ciel, desservi par un escalier en colimaçon muni d'une rampe en bronze et coiffé d'une coupole en bronze. La tour de 1899 fut détruite par des bombardements en 1944 ; le vieux phare de 1775 reprit provisoirement le service pendant que l'on prévoyait un remplacement et qu'un terrain était acquis à l'ouest du site. Le phare actuel, édifié de 1950 à 1953 par les architectes rouennais Herr, Dumenil et François, repose sur cinquante-deux pieux en béton de huit mètres, bétonnés sous un radier de 1,60 mètre pour supporter les 1 000 tonnes de l'ouvrage. La construction, sobre aux lignes pures, utilise des pierres de Mignac à l'extérieur, un parement intérieur en béton de porphyre rouge bouchardé et un porche en granit ; la lanterne, à coupole contemporaine peinte en vert, est adossée à un bâtiment en L. La tour, de plan carré et de silhouette tronconique, s'élève à 16 mètres ; la lanterne culmine à 16,53 mètres au-dessus du sol et à 94,58 mètres au-dessus du niveau de la mer ; l'ensemble s'étend sur un terrain de 55 200 m². L'accès intérieur se fait par un bâtiment-porche orné des symboles des phares ; un escalier suspendu en pierre calcaire conduit à la salle des Veilles traitée en coursive, puis à la lanterne où se trouve une optique à focale en verre taillé et une lampe halogène. La tour actuelle fut allumée en janvier 1953, tandis que l'ancien phare de 1775 resta en service jusqu'au 22 avril 1958. Entre 1960 et 1964 furent construits, contre la tour, le bâtiment technique et la maison du gardien ; l'avant-projet d'une salle des machines fut approuvé le 12 juin 1964 et les travaux se déroulèrent de janvier 1966 à décembre 1967. La vieille tour de 1775, fragilisée par le dynamitage de 1944, s'effondra progressivement entre 1960 et 1968 ; un des bâtiments techniques de l'époque subsiste encore. Depuis 2001, le phare est équipé de capteurs atmosphériques destinés à mesurer la qualité de l'air. On gravit 91 marches pour atteindre la vue panoramique qui s'étend des falaises de Saint-Valery-en-Caux à la baie de Somme. Le site a été inscrit au titre des monuments historiques le 24 novembre 2010, comprenant la tour, le bâtiment technique, la maison du gardien, le portail d'entrée et le tronc de la Société nationale de sauvetage en mer. Aux différentes époques, les combustibles utilisés ont évolué : charbon en 1775, huile végétale en 1778, huile minérale vers 1875, gaz d'huile de 1899 à 1903, vapeur pétrole en 1903, puis électrification en 1932.