Origine et histoire du Phare de Chausey
Le phare de Chausey, dit aussi phare des îles Chausey, est une maison-phare implantée sur la Grande-Île, rendue nécessaire par la multiplicité d'îles et d'îlots qui rendent la navigation dangereuse. L'étude d'un phare sur la Grande-Île est lancée en août 1842 sous l'impulsion du secrétaire d'État Lefous, avec Morice de la Rüe et l'ingénieur Léonce Reynaud, qui s'inspire du phare de Carteret pour son plan. Le premier projet est établi le 9 avril 1843 ; le cahier des charges est dressé le 13 juin 1844 avec une estimation de 80 000 F. Le terrain est acquis en 1845 après de longues négociations et l'adjudication est attribuée le 27 septembre 1844 aux entrepreneurs caennais Jobert et Deschamps. Les travaux commencent en 1846 ; la réception définitive a lieu le 27 mai 1848. La construction, entièrement réalisée en granite bleu extrait des carrières de l'île, comprend une tour carrée ornée d'une balustrade en encorbellement, accolée à la façade arrière du bâtiment d'habitation qui abrite les locaux des gardiens, sur la pointe Lihou. Les intérieurs sont pensés pour le confort des gardiens : escalier déporté libérant un hall d'entrée, chambres indépendantes dotées d'une alcôve et d'un cabinet, et fenêtres aux orientations variées pour mieux capter la lumière. Une corne de brume, d'abord implantée à 80 m de l'habitation face à la mer, sera ensuite installée sous la lanterne. La tour, haute de 19 m, porte le feu à 37 m au-dessus du niveau de la mer. L'optique primitive, installée le 15 octobre 1847, était un feu blanc varié par des éclats rouges toutes les quatre minutes ; l'éclairage était assuré d'abord par de l'huile végétale puis par de l'huile minérale autour de 1875. Le 15 septembre 1903 l'optique est remplacée par une optique de 3e ordre GM à éclats réguliers toutes les cinq secondes, de 0,50 m de focale. Partiellement détruit lors d'une attaque allemande le 9 mars 1945, le phare est électrifié en 1949 et rallumé en 1950. Une salle des machines pour groupes EDF, construite en 1949, est remplacée entre 1955 et 1957 par une nouvelle salle des machines ; en 1959 le phare reçoit une cuve à mercure Ebor 2400 BBT et une optique en verre taillé à quatre panneaux au 1/4 de focale 0,30 m, pour un feu à éclats réguliers de cinq secondes, d'une portée de 23 milles et alimenté par une lampe halo de 250 W. Les gardiens de Chausey assuraient également le contrôle du phare de Granville, du phare de la pointe d'Agon et de divers feux en mer. Entièrement automatisé en 2008, le phare est géré par la subdivision des Phares et Balises de Granville. Par arrêté du 11 mai 2009, il est inscrit au titre des monuments historiques, avec les murets du jardin clos et le magasin à poudre, à l'exclusion du bâtiment de France-Télécom. Le phare appartient à la subdivision Phares et Balises Manche, rattachée à la Direction interrégionale de la mer Manche Est - mer du Nord, et porte la signalisation maritime n° 515/000 ; l'archipel comprend également les feux de La Crabière et du Pignon.