Origine et histoire du Phare de Cordouan
Le phare de Cordouan se dresse sur le plateau de Cordouan, à sept kilomètres en mer, à l'entrée de l'estuaire de la Gironde, à la limite entre l'océan Atlantique et les côtes de la Charente‑Maritime et de la Gironde. Il balise l'accès aux deux passes de l'estuaire et sécurise la navigation dans cette zone. Des moines y allumaient un feu dès la fin du XIe siècle, et une tour attribuée au « Prince Noir » est attestée au XIVe siècle. Le phare actuel a été commandé par le maréchal de Matignon et confié à l'architecte Louis de Foix ; les travaux, commencés en 1584, se sont achevés en 1611 sous la conduite de ses successeurs. De 1606 à 1611 fut édifié un soubassement abritant logements et dépendances pour les gardiens et les ouvriers. L'édifice conserve un portail à colonnes doriques orné des figures de la Victoire et de Mars donnant sur un vaste vestibule, puis un escalier à vis logé dans une tourelle ronde. Le premier étage abrite l'"appartement du roi", décoré d'un ordre corinthien et ouvert sur une galerie extérieure ; le second étage contient une chapelle de plan circulaire, ornée de pilastres à chapiteaux corinthiens et coiffée d'une coupole. Au XVIIIe siècle la tour fut surélevée par Joseph Teulère, qui conserva les deux premiers niveaux et éleva une superstructure sobre de style Louis XVI jusqu'à porter le feu à 60 m au‑dessus des hautes mers. L'optique et l'éclairage ont connu plusieurs évolutions : lanterne de fer avec réchaud au charbon en 1727, réflecteurs paraboliques en 1782, premier appareil lenticulaire de Fresnel expérimenté en 1823, puis électrification du site en 1948. Le phare a été modernisé à plusieurs reprises au XXe siècle (groupes électrogènes, renouvellement des lampes) et automatisé en 2006 ; l'ensemble des équipements de signalisation a été rénové et l'ampoule actuelle est une halogénure métallique de 250 W. Pour protéger le socle contre la houle, une cuirasse de béton armé a été construite en 2005 autour du bouclier sud‑ouest, puis de lourants travaux de restauration ont été menés entre 2013 et 2022 pour un montant total d'environ dix millions d'euros. Propriété de l'État, le phare est administré par la direction interrégionale de la mer Sud‑Atlantique et, depuis 2010, la valorisation touristique et le gardiennage sont confiés au syndicat mixte SMIDDEST en collaboration avec l'association pour la sauvegarde du phare de Cordouan. En 2009 est apparue à proximité une formation battue par la mer dite « Île sans nom ». Inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO en juillet 2021, Cordouan est le plus ancien phare de France encore en activité et l'un des plus hauts : tour blanche en pierre de Saintonge de 68 mètres, diamètre de base d'environ 16 mètres. Le feu se situe à 60 mètres de hauteur et porte à 22 milles en secteur blanc et à 18 milles pour les secteurs rouge et vert ; il fonctionne en occultations et comporte des secteurs colorés adaptés à la navigation. La tour comporte six niveaux aménagés : vestibule et logement des gardiens au rez‑de‑chaussée, l'appartement dit « du Roi », la chapelle — unique chapelle consacrée dans un phare — la « salle des Girondins », la salle des contrepoids, la salle des lampes, la chambre de quart et enfin la lanterne ; un escalier de 301 marches permet d'atteindre le sommet (huit marches supplémentaires mènent à la lanterne et ne sont pas accessibles au public). L'accès au phare s'effectue essentiellement à marée descendante par une poterne et une chaussée qui se découvre à mi‑marée ; les visiteurs sont transférés depuis leur embarcation vers de petits canots à fond plat puis accueillis dans la cour intérieure. Entré en service en 1611, Cordouan a accueilli des générations de gardiens ; après l'automatisation, le gardiennage a perduré jusqu'en 2012 sous gestion d'État puis est assuré par le SMIDDEST, qui maintient une présence pour l'entretien et l'accueil touristique. Le monument reçoit des visiteurs chaque année (environ 24 000 en 2020), mais seules une trentaine de personnes peuvent se trouver simultanément dans les parties supérieures.