Origine et histoire du Phare de Saint-Mathieu
Le phare de Saint-Mathieu se dresse sur la pointe Saint-Mathieu, à Plougonvelin, près de Brest, dans le Finistère. Mis en service le 15 juin 1835, il figure parmi les premiers établissements de signalisation du réseau d'éclairage des côtes françaises mis en place au début du XIXe siècle et prolonge une tradition de feux établie sur l'abbaye depuis le XVe siècle. Érigée dans les ruines de l'abbaye, la tour tronconique à large soubassement circulaire a été construite en partie avec des pierres de l'église abbatiale et a conservé sa distribution d'origine. Autour du fût de 3,2 m de diamètre intérieur s'organise une enfilade de huit pièces disposées en anneau autour de la cage d'un escalier en vis ; cet escalier de 163 marches mène au feu, placé à 55 m au-dessus du niveau de la mer. Le feu tournant originel comprenait seize demi-lentilles protégées par des glaces de 81 cm de côté et de 9 mm d'épaisseur. Alimenté d'abord à l'huile de colza puis au pétrole, le phare a été entièrement électrifié en mars 1932 ; il fonctionne aujourd'hui comme un feu à un éclat toutes les 15 secondes, secteur blanc. En 1900 un dispositif au pétrole intensifiait la lumière par combustion d'un gaz chauffé, et le 10 octobre 1911 l'appareil optique a été installé sur un bain de mercure changeant la période de son éclat. Le site a connu d'autres aménagements : en 1880 furent construits les logements des gardiens par l'entrepreneur François Ogor, en mai 1909 la lanterne a reçu un vitrage cylindrique, et en juin 1963 la tour a pris son aspect actuel, peinte en blanc et marquée « SAINT-MATHIEU » en rouge avec une bande rouge au sommet. Un feu auxiliaire directionnel a été installé le 1er janvier 1894 dans une petite cabane métallique, puis renforcé le 25 octobre 1899 par une tour cylindrique en maçonnerie située à 54 m du phare ; ce feu auxiliaire, électrifié en 1932, présente des secteurs blanc, rouge et vert. Le phare, automatisé en 1996 et télécontrôlé depuis septembre 2005, n’est plus gardienné depuis février 2006 ; il est ouvert au public tous les jours en juillet et août et plusieurs jours par semaine le reste de l'année. Classé au titre des monuments historiques depuis le 23 mai 2011, il forme, avec les ruines de l'abbaye et le sémaphore proche, un ensemble cohérent sur le promontoire. Phare d'atterrissage d'une portée théorique de 29 milles, il est situé entre le Créac'h d'Ouessant et le phare de l'île de Sein et, aligné avec le phare de Kermorvan, donne la direction du chenal du Four à 158°5 depuis son entrée au nord jusqu'au premier virage commandé par le feu de Corsen ; cet alignement conduit au « tournant de Lochrist » où le feu auxiliaire de Saint-Mathieu prend le relais pour guider les navires vers l'alignement de Trézien et Kermorvan, puis vers le balisage du raz de Sein. Le balisage des côtes françaises est ainsi organisé pour permettre à tout navire longeant la côte d'avoir toujours un ou plusieurs feux en vue.