Origine et histoire
Le phare du Planier se dresse sur l'îlot du Planier, en haute mer au large de Marseille. Un dispositif lumineux occupe l'îlot depuis le Moyen Âge : dès 1320 Robert d'Anjou fit bâtir une tour à feu. Le phare actuel est le cinquième édifice à assurer cette fonction (1320 ; 1774 ; 1829 ; 1881 ; 1959). En 1774 une tour cylindrique en pierres fut reconstruite et le feu de bois remplacé par un réverbère de 14 lampes à huile (Tourtille-Sangrain). Un projet présenté par l'ingénieur Garella le 15 février 1823, approuvé le 17 novembre 1823, conduisit à l'adjudication des travaux et à l'allumage, le 1er mars 1829, d'une tour cylindrique en pierre de taille de 36 m. Le 1er décembre 1881 une nouvelle tour cylindrique en pierre de taille fut allumée ; elle fut détruite en août 1944 par les troupes allemandes. En 1945 un feu provisoire fut installé sur un pylône. La reconstruction postérieure fut confiée aux architectes Arbus et Crillon : des travaux en pierre de taille commencèrent à partir de 1947 pour le phare et ses annexes. Ces travaux connurent des difficultés et, jugés trop coûteux, certains éléments du chantier demeurèrent inachevés, mais le phare actuel fut allumé le 25 août 1959. L'ensemble architectural se compose de deux parties : la tour, à l'est de l'îlot, et les bâtiments annexes organisés en deux ailes, au nord pour les logements et à l'ouest pour les ateliers, la salle des machines et les locaux techniques autour d'une vaste cour. Le phare présente une silhouette de tour-colonne légèrement tronconique en maçonnerie de pierres apparentes, desservie par un escalier à vis. Le choix du matériau, une architecture à la fois éclectique et néo-visionnaire, et la mise en scène du phare et de ses annexes comme une place ordonnancée au milieu de la mer produisent un ensemble monumental spectaculaire. Depuis août 1959 l'installation fonctionne avec un feu émettant un éclat blanc toutes les cinq secondes. Le phare possède une ancienne sirène à trois cornets et il est automatisé depuis 1986. Les récifs à peine immergés qui entourent l'îlot ont été à l'origine de nombreux naufrages, comme celui du Chaouen, et l'important trafic maritime de Marseille a imposé la construction de tours de plus en plus hautes dans cette zone. Inscrits aux monuments historiques par arrêté du 2 septembre 2002, le phare, ses annexes et l'îlot furent classés par arrêté du 13 septembre 2012. Plusieurs projets de réaffectation des bâtiments annexes ont été évoqués depuis l'automatisation et le départ du centre de plongée en 1998 — appartements d'artistes, centre pédagogique, auberge de plongée, station scientifique — mais aucun n'est aujourd'hui soutenu par les collectivités. Le phasage des travaux du XIXe siècle comporte de nombreuses adjudications et résiliations : un marché fut adjugé le 9 février 1824 puis résilié le 23 septembre 1825 ; une nouvelle adjudication fut remportée par l'entrepreneur Melchion ; pour la tour de 1881 les travaux furent adjugés le 17 février 1876, interrompus en octobre 1878, résiliés le 21 mai 1879 puis réadjudicés le 18 septembre 1879. La tour de 1881 fut achevée en juillet 1881 avant sa mise en service en décembre de la même année. Le dispositif lumineux de 1829 était un feu de premier ordre à éclats longs blancs toutes les 30 secondes ; le feu électrique de 1881 comportait trois éclats blancs séparés par un éclat rouge. Le site a fait l'objet d'études et de notices patrimoniales, notamment dans la bibliographie consacrée au phare de Planier.