Origine et histoire
Construit à partir de 1892 et mis en service le 17 octobre 1897, le phare de la pointe de Penmarc'h remplaça l'ancien feu qui ne satisfaisait plus aux exigences du programme d'électrification des phares d'atterrissage. Conçu comme une synthèse d'innovation technique, de fonctionnalisme et de beauté architecturale, l'ouvrage s'accompagna de quatre bâtiments annexes abritant locaux techniques et logements pour les gardiens. La tour est entièrement appareillée en pierre de Kersanton ; l'escalier en bronze et laiton est très soigné, le parement intérieur est composé de milliers de carreaux d'opaline et la chambre de veille est lambrissée de chêne naturel ciré. La lanterne est encore équipée de l'optique double d'origine.
L'histoire du site remonte à la construction, au début du XVe siècle, d'une "vieille tour" qui put servir de tour à feu. À la fin du XVIIIe siècle, un projet présenté par le ministre Jean-Bon-Saint-André fut autorisé par décret du Comité de Salut Public le 22 janvier 1794, mais les travaux, adjugés le 30 janvier 1794, s'arrêtèrent faute de crédits ; une reprise en juillet 1797 ne permit d'achever que les fondations et le soubassement. En 1831 la Commission des Phares reprit le dossier et ordonna la construction d'une tour : un feu blanc provisoire fut établi sur la vieille tour en 1831 et, le 20 novembre 1835, une tour en maçonnerie de pierres de taille de 40 mètres, réalisée par l'entrepreneur Rouvillois de Glomel, fut allumée ; Magloire Bonilleau, Hervé Le Cloarec et Pierre Drouet furent les trois premiers gardiens. Ce phare de 1835 fut éteint après la mise en service du nouveau phare en 1897.
La nécessité d'un nouvel édifice résulta du programme d'électrification proposé par l'ingénieur Émile Allard et sanctionné par la loi du 3 avril 1882, qui prévoyait la création de 46 phares électriques. Le projet initial de surélévation de la tour existante, de 40 mètres, pour atteindre un plan focal supérieur à 60 mètres fut jugé techniquement impossible en raison de l'âge et du faible diamètre sommital de l'édifice ; la Commission des Phares conclut donc à la construction d'une tour neuve. Les plans et devis présentés en 1890, pour un montant de 110 000 francs, furent approuvés et les travaux purent être envisagés.
La donation de la marquise Adélaïde‑Louise Davout, qui consacra une somme de 300 000 francs pour l'érection d'un phare sur un terrain solide et granitique afin d'honorer la mémoire du maréchal Prince d'Eckmühl, entraîna le choix définitif du site de Penmarc'h et le déplacement prévu du phare légèrement vers l'est ; la convention signée le 22 décembre 1892 et le décret ministériel du 16 mars 1893 officialisèrent le projet de remplacement et le nom du phare d'Eckmühl. Les plans furent dressés par les ingénieurs Bourdelles et Ribière sous la direction du Directeur Bernard, avec l'intervention de l'architecte Paul Marbeau.
Les travaux, confiés à l'entreprise Vabre et commencés en septembre 1893, furent estimés à 450 000 francs, l'État prenant en charge les dépenses supplémentaires prévues pour le projet de 1890. Pour respecter les souhaits de la testatrice, la tour fut construite en pierres de Kersanton et revêtue de matériaux choisis pour résister à l'air salin ; l'architecture fut étudiée pour concilier destination fonctionnelle et caractère monumental. Le chantier rencontra toutefois des difficultés : livraisons de pierres problématiques, augmentation des prix, effectifs insuffisants, qualité parfois douteuse des plaques d'opaline et réclamations de l'entrepreneur qui furent réglées à l'amiable, ce qui retarda l'inauguration.
Conçu pour fonctionner à l'énergie électrique, le phare fut équipé de deux machines à vapeur de 12 chevaux (dont une de secours) couplées à des alternateurs diphasés de type Labour ; les lampes à arc, régulées par un dispositif mécanique Serrin, offraient une puissance lumineuse double de celle du premier phare électrique de la Hève et une portée de 100 kilomètres. La lanterne, l'ensemble de l'optique et la cuve furent fournis par l'entreprise Sautter‑Harlé et Cie de Paris. L'édifice était entretenu par un maître de phare et cinq gardiens.