Origine et histoire de la Pharmacie
La pharmacie Pesche, située 4 place Halle-au-Blé à Alençon (Orne), présente une devanture néo-classique tardive, typique des années 1820-1830. La façade est rythmée par des arcades au cintre surhaussé, séparées par de fins pilastres, regroupées par trois et encadrées par de larges pilastres montant jusqu'à la corniche ; l'ensemble comprenait à l'origine dix-huit arcades. Le balcon en fonte ouvragée qui surmonte la devanture a été conservé. Datée de 1830, la maison fait partie d'un vaste hôtel particulier du XIXe siècle dont les balcons sont probablement d'influence Directoire et qui s'ouvre sur quatre voies voisines. À l'intérieur, une pièce ovale est entourée d'une corniche à modillons et divisée en panneaux verticaux séparés par de fins pilastres couronnés de chapiteaux à feuillages ; une niche en cul-de-four occupe l'un de ces panneaux. Le plafond est entièrement peint d'un décor stylisé de palmiers et d'amphores rayonnant autour d'une petite scène mythologique située au-dessus de la porte d'entrée, l'ovale étant souligné par un motif de draperies. Ancienne officine, la pharmacie a été spécialisée pendant plus de cinquante ans (1902-1953) dans les pratiques médicinales et apothicaires anciennes et conserve une collection d'environ 500 bocaux. Le premier propriétaire connu, Thomas Guibé, grossiste en toiles, acquit l'immeuble et le fonds en 1795 ; après sa mort, la propriété passa à sa veuve puis fut vendue à un marchand de biens en 1827. Entre juillet et août 1832, l'ensemble immobilier fut morcelé en quatre lots attribués à différents acquéreurs, la portion correspondant à l'actuelle pharmacie ayant été acquise par Maître Jean Jacques Corbière, puis destinée à accueillir une pharmacie installée par son gendre Pierre-Charles Duroy. Le fonds passa ensuite à Adolphe-Henri Dutertre puis fut loué et transmis à divers exploitants avant que Raoul Pesche n'enprenne possession en 1902 ; à sa mort en 1953, sa fille Madeleine Pesche poursuivit l'exploitation jusqu'en 1980. Grâce à l'intervention de Madeleine Pesche, l'édifice a été inscrit au titre des monuments historiques le 2 octobre 1987 pour son élévation et son décor intérieur. Le local est resté inoccupé entre 1980 et 2009 ; la propriété a été acquise par une société d'administration de biens en 2014, suivie de travaux de ravalement de la façade l'année suivante et d'une campagne de restauration des décors intérieurs lancée en 2018, dont le coût estimé est de 90 000 €, partiellement financé par la ville, la DRAC et le département. Les recherches historiques et les protocoles de restauration visent à résoudre les désordres affectant notamment les plafonds peints et à permettre, à terme, l'utilisation des espaces restaurés comme bureaux.
