Origine et histoire de la Phosphatière
Site archéologique de la phosphatière du Cloup d'Aural
La phosphatière du Cloup d'Aural, ancienne mine à ciel ouvert de roche phosphatée sur la commune de Bach (Lot), s'inscrit au cœur d'un réseau de poches à phosphate du Causse de Limogne. Le site, long d'environ 170 mètres et profond d'une vingtaine de mètres, conserve des témoins d'exploitation nombreux et des bâtiments extérieurs en assez bon état, permettant de reconstituer la logique d'extraction de ces sédiments. La découverte initiale remonte à 1865 lorsque Jean-André Poumarède, pharmacien et chimiste, signala des débris osseux et des pierres riches en phosphate ; ses analyses, consignées en 1867, montrèrent une teneur élevée en phosphate tricalcique. À la fin du XIXe siècle le Quercy connut une "fièvre du phosphate" : de nombreux gisements furent exploités et, selon l'enquête du Service des Mines de 1886, on comptait 161 centres produisant 30 000 tonnes de minerai. La production déclina ensuite rapidement, de nombreux sites fermant dès 1887, et la découverte de gisements nord-africains rendit l'exploitation locale moins compétitive ; en 1902, seules deux phosphatières restaient en activité. Au-delà de leur intérêt économique, ces sites ont une valeur scientifique majeure : ils renferment de nombreux fossiles de vertébrés du Tertiaire, entre la fin de l'Éocène et les périodes oligocène-début du Miocène, certains servant de références pour la séquence des faunes européennes, et plus de six cents espèces y ont été identifiées. Les phosphatières résultent du comblement de cavités karstiques dans les calcaires jurassiques par des argiles riches en phosphate ; après la phase marine qui a déposé les calcaires, l'altération karstique a entraîné effondrements et remplissages indépendants, parfois rapides, qui ont piégé restes animaux et débris végétaux. Les hypothèses initiales d'une origine hydrothermale ou exclusivement animale ont été abandonnées au profit d'une interprétation karstique étayée par plusieurs chercheurs, dont Louis Dieulafait, Eugène Fournier, Armand Thévenin et Bernard Gèze. Des découvertes récentes, comme de minuscules guêpes parasitoïdes fossiles identifiées en 2018 dans des nymphes de mouches, illustrent la richesse paléontologique du site. Face au pillage et à l'abandon, une association, "Les Phosphatières du Quercy", a entrepris dès 1992 la valorisation du Cloup d'Aural, qui a ouvert au public au début de l'été 2000. L'ancienne mine a été inscrite au titre des monuments historiques le 10 décembre 1998, et l'État a renforcé la protection des sites en créant en juin 2015 une réserve naturelle nationale d'intérêt géologique pour le département du Lot. Couplée à La Plage aux Ptérosaures, la phosphatière du Cloup d'Aural a accueilli environ 30 000 visiteurs dans les années 2010.