Origine et histoire de la Pierre Folle des Cous et du Ciste des Cous
La nécropole des Cous, à Bazoges‑en‑Pareds (Vendée), comprend deux dolmens désignés sous les noms de Pierres‑Folles et « Ciste des Cous ». Le site s'élève à 75 m d'altitude sur un plateau calcaire, à la confluence des rivières du Loing et de l'Arkanson. Marcel Baudouin signale qu'un troisième dolmen, parallèle aux Pierres‑Folles, se trouvait un peu plus au sud sur une butte, et qu'un dolmen détruit au XIXe siècle, la Pierre‑Rousse, se situait environ 300 m plus au sud ; plusieurs menhirs de granite existaient aussi dans les environs, dont le « menhir de la Vierge », rapporté sur le site lors d'un remembrement. À une centaine de mètres au sud‑est, des ossements mis au jour lors de labours ont évoqué une probable sépulture préhistorique. L'absence d'homogénéité du mobilier entre les deux dolmens laisse penser soit à une réoccupation délibérée de l'un d'eux, soit — plus vraisemblable — à la construction du second après que la « Ciste des Cous » était déjà en ruine. Le site se trouve à moins de 3 km au sud‑est du dolmen de la Pierre‑Levée des Landes et du menhir des Landes.
Le tumulus fut partiellement endommagé en 1910 pour fournir des pierres, révélant des ossements, et des fouilles sommaires menées par Marcel Baudouin et Lucien Rousseau en août 1913 constatèrent que le tiers nord du tumulus avait déjà disparu et que les orthostates de la « Ciste des Cous » étaient visibles. Ces opérations furent suivies d'une première restauration ; Lucien Rousseau légua les Pierres‑Folles à la Société préhistorique française, qui acquit ensuite la « Ciste des Cous ». Une datation au radiocarbone situe le site autour de 4 650 ans BP. Le monument a été classé au titre des monuments historiques en 1959 et a fait l'objet de nouvelles fouilles et restaurations en 1978 (Ciste des Cous) et 1991 (Pierres‑Folles) par Roger Joussaume.
Les fouilles anciennes sur les Pierres‑Folles consistaient en une grande tranchée au sud‑est du tumulus et en un mur de soutènement au nord ; les sondages de 1991 ont confirmé qu'il s'agit d'un dolmen angevin. Le cairn reposait directement sur le calcaire ; il a probablement été altéré dès l'âge du Bronze final, comme l'indiquent des tessons à la surface de ses restes. Sa forme d'origine reste inconnue ; son diamètre pouvait atteindre environ 7 m et il comportait un parement. Les fosses de calage des orthostates ont permis d'identifier une chambre funéraire d'environ 5 m de long sur 2,60 m de large, dont la dalle de chevet reposait directement sur le sol en s'appuyant sur les piliers latéraux. L'ensemble fut profondément perturbé par le creusement ultérieur d'un puits d'environ 2 m de profondeur, sans doute par des chercheurs de trésors, et l'architecture pouvait évoquer celle de la Pierre Couverte de la Bajoulière.
Les niveaux des Pierres‑Folles sont très remaniés et le mobilier néolithique y est pauvre et atypique : un fragment de vase au profil légèrement concave, quelques tessons attribués au Campaniforme, une pointe de flèche Artenacienne, un élément de parure en forme de « tortue », une petite applique en or perforée et un fragment d'alène en métal cuivreux. Ces objets, comparables à des découvertes en Bretagne et en péninsule Ibérique mais rares en Vendée, s'accompagnent de coquilles de dentalia, de dents et de fragments osseux humains pouvant relever d'une période large allant du Néolithique au Chalcolithique. L'essentiel du mobilier relève de fréquentations postérieures : âge du Bronze, époque gallo‑romaine, Moyen Âge et époque moderne, avec de nombreux petits tessons sombres, de la céramique grise gallo‑romaine, des éléments métalliques en cuivre, des clous en fer et des fragments de tuiles.
La dénomination « Ciste des Cous », attribuée par Baudouin qui crut reconnaître une chambre circulaire, est erronée mais est restée d'usage ; la fouille de 1978 a permis de reconstituer l'architecture et les étapes de construction de ce dolmen à couloir, avec un complément d'informations issu du tamisage des déblais des fouilles anciennes et de l'intervention de 1991 sur la façade. Un espace d'environ 20 m de diamètre avait été nettoyé par le feu ; au centre, la chambre était délimitée par des orthostates dressés en cercle d'un diamètre de 4,50 à 4,60 m, prolongée par un couloir orienté est/sud‑est long de 2,50 m et large d'1 m. Les dalles étaient enfoncées jusqu'au rocher et solidarisées par un muret en pierres sèches ; la chambre et le couloir étaient soigneusement pavés en opus incertum, disposition qui pourrait toutefois résulter de la restauration ancienne. La couverture de la chambre était réalisée par encorbellement et la dalle du couloir pourrait avoir été formée de dalles plates.
Autour de la chambre se trouvait un mur de parement délimitant une première enceinte jusqu'à environ 7,50 m du centre, dessinant la forme d'un prisme irrégulier dont l'espace entre parement externe et muret interne avait été comblé par des blocs. L'ensemble était coiffé d'une seconde enceinte, large d'environ 2,50 m et haute de 1,20 à 1,40 m, qui nécessitait une légère reprise du couloir en le décalant ; sur le versant ouest, plus pentu, cette seconde enceinte était renforcée par un petit mur de soutènement. Les deux enceintes et l'entrée du couloir ont fait l'objet de restaurations.
Les ossements recueillis dans la « Ciste des Cous » étaient regroupés en tas séparés, non conformes à des squelettes complets, recouverts de pierrailles et formant un entassement conique au centre de la chambre. En 1913, après trois jours de fouille, environ 1 m3 d'ossements furent extraits et estimés par les fouilleurs comme correspondant à au moins 120 personnes dans la chambre et 15 dans le couloir ; les restes complémentaires retrouvés (dont 471 dents et 18 rotules) peuvent porter cette estimation à une quinzaine de sépultures supplémentaires. Ces observations ont conduit à l'hypothèse d'un ossuaire où les corps auraient d'abord été déposés près des parois, puis leurs os rassemblés en tas séparés au centre de la chambre. À partir de six crânes dolichocrânes, la stature des individus a été estimée entre 1,55 et 1,65 m pour les hommes et autour de 1,53 m pour les femmes.
Le mobilier lithique de la « Ciste » comprend sept armatures à tranchant transversal attribuées au Chasséen, deux couteaux à dos, une lamelle, une trentaine d'éclats et un important fragment de hache polie en silex, auxquels s'ajoutent divers objets provenant de la collection Rousseau qui pourraient être issus du site. Les éléments de parure regroupent de nombreuses perles en calcaire (113 dans les fouilles récentes, auxquelles Baudouin avait ajouté 194 exemplaires similaires), plusieurs dentalia sciés, dents animales perforées, fragments de lamelles en défense de sanglier, pendeloques dont une en jadéite et d'autres pièces conservées dans la collection Rousseau. Les outils osseux sont peu nombreux, la céramique se compose de tessons et d'environ quinze vases (bols globulaires à col concave et bols simples parfois munis d'un bouton unique) ; l'ensemble, homogène et non décoré, appartient à un Néolithique moyen antérieur au Chasséen.