Origine et histoire de la Pile gallo-romaine
La pile gallo‑romaine d'Ordan‑Larroque, aussi appelée pile de Larroque‑Mengot ou pile de Peyrelongue, est une tour funéraire en pierre située dans la commune d'Ordan‑Larroque, dans le Gers. Elle occupe le rebord d'une colline au nord du chef‑lieu communal, en bordure de l'ancienne voie antique reliant Elusa (Eauze) à Augusta Auscorum (Auch), dite « route de César ». Son implantation en bordure de la voie semble destinée à la rendre visible aux voyageurs. Au moins deux autres piles se trouvent dans la partie nord de la commune et une troisième est située plus au nord, sur la commune de Saint‑Lary. De plan quadrangulaire (5,10 × 3,50 m), la tour se présente comme un bloc plein en opus caementicium, revêtu d'un petit appareil régulier de moellons sur ses quatre faces. Ce parement a en grande partie disparu, sauf sur la face nord où il est mieux préservé. Compte tenu de la déclivité du terrain, la hauteur varie selon les faces et atteint douze mètres au maximum, ce qui en fait l'une des plus hautes du département. Sa hauteur originelle est estimée à quinze mètres. Une niche d'origine se devine sur la face principale orientée à l'est ; son fond arrondi laisse penser qu'elle était voûtée en cul‑de‑four, mais sa partie supérieure a disparu. Au‑dessous se trouve une petite niche moderne, peut‑être aménagée au XIXe siècle et, selon la tradition, destinée à recevoir une statue de la Vierge à l'initiative de la châtelaine de Larroque ; la pile se situe à moins de 500 mètres du château. Dans sa configuration initiale, les quatre angles étaient flanqués, à la hauteur de la niche, de pilastres supportant une architrave décorée et une corniche, et le plan rectangulaire suggère une couverture en bâtière. La pile est datable, comme d'autres monuments analogues du Sud‑Ouest, du milieu du IIe siècle, mais l'absence de fouilles approfondies empêche de le confirmer formellement. Mentionnée sur la carte de Cassini sous le nom de « Peyrelongue », elle n'a fait l'objet d'un premier signalement qu'en 1863, sans description précise, et sa base a été sapée à l'un de ses angles. Des sondages ont toutefois eu lieu en 1974, puis une prospection au sol dans les années 1990. Par analogie avec d'autres piles, elle est généralement interprétée comme un cénotaphe signalant la proximité de la sépulture d'une personnalité locale. Les fouilles à Cassan, où les vestiges arasés d'une pile ont été mis en relation avec une nécropole et une villa, incitent à établir un parallélisme avec la pile d'Ordan‑Larroque et une villa située à 800 mètres, même si celle‑ci n'est pas visible depuis la pile. La pile gallo‑romaine est protégée au titre des monuments historiques par arrêté du 25 novembre 1976.