Origine et histoire de la Piscine municipale
La piscine municipale de Bègles, dite « Les Bains », a été décidée par la municipalité socialiste en 1925 et réalisée entre 1930 et 1932 par l'architecte et ingénieur de la commune Armand Blanchard. Construite en béton armé, elle comprend un bâtiment pour la piscine couverte — la première piscine publique couverte de l'agglomération bordelaise —, un bâtiment pour les bains-douches et un vestibule commun. L'édifice a été inauguré le 4 décembre 1932. La technique du béton armé a permis une large utilisation du verre et de revêtements céramiques, et les murs extérieurs sont ornés de motifs de briques, de mosaïques, de frises en bas-relief et d'une frise à chevrons. La signalisation en lettres stylisées en mosaïque indiquait « PISCINE-BAINS » et « NATATION-DOUCHES », et un motif bordé d'une guirlande stylisée surplombait la porte avec la mention « Ville de Bègles » et l'année « 1932 ». Les céramiques sont l'œuvre de la société Castiaux frères ; les peintures et vitreries ont été réalisées par la maison Bime ; les sculptures par Vignal et les plaques émaillées par Duvigneau. Le hall d'accueil est pavé d'une mosaïque figurant des formes géométriques ondulantes et des lignes brisées ; à l'origine, une grande table octogonale en béton lissé et coloré, entourée de sièges pour la buvette, occupait le centre et a été supprimée vers 1960. La coupole qui couvre la salle, traitée comme un vitrail par l'emploi de pavés de verre multicolores, a suscité des critiques dans la presse d'opposition, notamment L'Union sociale qui écrivait le 15 juillet 1932 : « Au beau milieu de notre territoire, fief trois fois saint de l'Internationale, ils ont planté, sous le fallacieux prétexte de coiffer un temple de l'hygiène, cet immense casque à pointe ». Les pavés colorés de la coupole ont été perdus, mais l'auvent de l'entrée a conservé des éléments de vitrage aux thèmes solaires ou végétaux. Une baie permet d'apercevoir le bassin et une porte vitrée mène aux bains-douches, qui comprennent des cabines de déshabillage, des cabines de bains-douches et des sanitaires ; la lumière pénètre par de larges baies ouvertes. Les bains-douches sont toujours utilisés, tandis que la verrière et le buffet d'eau Art déco ont disparu. La piscine a été inscrite aux Monuments historiques en 1991 en raison de sa valeur architecturale représentative du style Art déco. Fermée en 1996 pour insécurité structurelle et non-conformité aux normes, elle a ensuite fait l'objet d'un projet de réhabilitation proposé par l'architecte Patrick Bouchain, combinant respect de l'existant et équipements neufs. Rouverte en 2006 sous le nom « Les Bains », elle offre un nouveau bassin couvert de 25 mètres en inox, baigné par la lumière naturelle d'une toiture en shed et de façades vitrées. Une mosaïque au fond du pédiluve reproduit une anamorphose de l'artiste contemporain allemand Marin Kasimir. L'eau est déchlorée avant évacuation par un dispositif expérimental de phytoremédiation et chauffée grâce à des panneaux solaires et à une récupération de calories. L'ancien bassin a été transformé par une structure en bois en forme de vagues, devenue aire de jeu, et des équipements complémentaires ont été ajoutés : espace de détente (sauna, hammam, soins du corps), patio et jardin. L'ancien hall d'entrée en angle du bâtiment est devenu un espace de restauration biologique et l'accès pour les personnes handicapées a été aménagé par une ouverture dans la façade nord.