Origine et histoire
La place d'Alliance, située en Ville‑Neuve à Nancy, a été dessinée par l'architecte Emmanuel Héré et fait partie du même ensemble classique que la place Stanislas, inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1983. La fontaine centrale, la double rangée de tilleuls centenaires et les hôtels particuliers sobrement ordonnés donnent à la place une atmosphère calme et austère. Installée à l'est de l'ensemble urbanistique du XVIIIe siècle et distante d'environ 150 mètres de la place Stanislas, la place se trouve dans le quartier Charles III - Centre‑Ville ; les rues Girardet, Guibal et Lyautey la traversent. La chaussée encercle entièrement la place et sert en partie de zone de stationnement ; la desserte en transports en commun se fait notamment par la ligne 1 du tramway, station « Cathédrale », à quelque 250 mètres.
Le nom de la place rappelle le traité d'alliance franco‑autrichien de 1756. Le site était auparavant le jardin potager ducal, aménagé sur l'ancien bastion Saint‑Jacques après le démantèlement des remparts de Nancy ; Stanislas Leszczyński ordonna la création d'une nouvelle place à proximité de la place Royale, qui fut d'abord envisagée sous le vocable de saint Stanislas et figurait sous ce nom sur des croquis entre 1751 et 1753. Construite par Emmanuel Héré, la place prit rapidement le nom de « place d'Alliance » en hommage au traité de 1756 ; pendant la Révolution elle fut successivement rebaptisée « place de la Renommée » puis « place Chalier ».
La place a des proportions plus modestes que ses deux voisines : elle forme un rectangle d'environ 80 par 60 mètres, soit près d'un demi‑hectare. Dès 1758, le forestier des eaux et forêts Nicolas Bernard fut chargé de planter plusieurs rangées d'arbres ; des tilleuls furent plantés en 1763, certains subsistent aujourd'hui. Les gravures de Dominique Collin et Yves‑Dominique Collin montrent la place avant et après la plantation des tilleuls ; six d'entre eux furent abattus lors d'une manifestation d'agents de l'ONF en mars 2012 et replantés huit mois plus tard.
La fontaine, conçue par le sculpteur Paul‑Louis Cyfflé pour commémorer le traité, devait à l'origine être installée place de la Carrière. Son bassin, à plusieurs lobes, reçoit l'eau que versent trois vieillards barbus représentant l'Escaut, la Meuse et le Rhin ; la partie basse en plomb expose des figures allégoriques déversant l'eau dans un bassin de pierre, tandis qu'un obélisque de pierre domine l'ensemble, surmonté d'un génie soufflant dans un clairon et tenant un médaillon. Il est indiqué que Cyfflé se serait fortement inspiré de la fontaine des Quatre Fleuves de Bernini à Rome. La fontaine porte plusieurs devises latines célébrant l'alliance : sur le médaillon sommital « Perennæ Concordiæ Fœdus Anno 1756 », deux mains unies décorées des écus de France et d'Autriche accompagnées de « Publicam spondent salutem », deux mains brandissant un faisceau de flèches avec « Optato vincta discordia nexu », et un écu réunissant fleurs de lys et croix de Lorraine portant « Prisca recensque fides votum conspirat in unum ».
Les façades des hôtels particuliers, réalisées sur un modèle commun par Emmanuel Héré, contribuent à l'unité architecturale de la place : elles comportent trois niveaux d'élévation avec murs à refends au rez‑de‑chaussée et arcades plein‑cintre, les agrafes rocailles étant sculptées par Louis Le Noir et les garde‑corps forgés par Jean Lamour, tandis que des bas‑reliefs au‑dessus des portes célèbrent les bienfaits des constructions de Stanislas. Stanislas finança uniquement les façades ; les aménagements intérieurs et les murs furent à la charge des propriétaires, parmi lesquels figurent Emmanuel Héré et Richard Mique. Un incendie, reproduit par une gravure d'Yves‑Dominique Collin, détruisit l'hôtel d'Alsace dans la nuit du 17 au 18 octobre 1782 après sa vente au marquis d'Alsace quelques mois auparavant, le sinistre ayant été aggravé par des pompes à eau en mauvais état.
L'hôtel situé au numéro 2 accueillit la succursale de la Banque de France de sa création en 1853 jusqu'au début des années 1880, avant le déménagement rue Chanzy ; sa façade et sa toiture font l'objet d'une protection au titre des monuments historiques par arrêté du 25 février 1950. D'autres hôtels particuliers de la place sont également inscrits aux monuments historiques : les immeubles aux numéros 4 et 8 ont été inscrits par arrêté du 25 février 1950, et celui du numéro 6, à l'angle de la rue Pierre‑Fournier, par arrêté du 25 février 1956. Un des hôtels accueille aujourd'hui le consulat honoraire de Lettonie.
La fontaine a été classée au titre des monuments historiques par arrêté du 15 janvier 1925, tandis que le sol et les plantations de la place ont été inscrits par arrêté du 25 février 1950. En décembre 1983, la place d'Alliance, avec la place Stanislas et la place de la Carrière, a été inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO au titre des critères (i) et (iv).