Origine et histoire
La route Royale, ou Reale Strada, désigne l'itinéraire reliant le comté de Nice à Turin via le col de Tende, dont l'aménagement s'étend du XVIIe au XIXe siècle. Après la cession du comté de Nice à la Savoie en 1388, cet axe prit une importance stratégique pour favoriser et contrôler le flux de marchandises, en particulier le sel. En 1610 Charles Emmanuel Ier ordonna la construction de la route et, en 1612, il accorda des franchises douanières au port de Villefranche-sur-Mer. Les travaux commencés au XVIIe siècle furent poursuivis jusqu'au XVIIIe siècle : la route fut rendue carrossable par des lettres patentes signées par le roi Victor Amédée III le 23 mai 1780, et elle devint accessible aux voitures hippomobiles dès 1785. Elle resta en service et fut définitivement accessible en 1830, avant que la suppression du statut de port franc de Villefranche en 1855 et l'annexion du comté de Nice à la France en 1860 n'en réduisent le rôle. À Nice, l'itinéraire prenait son départ de la place Royale, aujourd'hui place Garibaldi, et la porte de Turin se trouvait dans l'actuelle rue de la République ; une portion de la D2204 porte encore le nom de route de Turin. D'abord simple chemin de muletier appelé « route du Sel », le tracé fut progressivement aménagé et élargi pour la circulation carrossable. Tout au long de son parcours, la route est ponctuée d'ouvrages baroques — chapelles, amphithéâtres, portes monumentales, dédicaces au souverain et arcs de triomphe — la monumentalité augmentant à l'approche de la capitale piémontaise, Porta Nuova. Plusieurs architectes y ont contribué, parmi lesquels Robilante, Spinelli, Michaud et Alfieri ; l'une des dédicaces a été classée au titre des monuments historiques en 1947. En octobre 2006, plusieurs associations culturelles niçoises ont voté pour présenter un dossier de candidature à l'UNESCO en vue du classement de la route. Des vestiges demeurent visibles au col de Tende, sur des sections de l'ancien chemin de muletier et au départ historique à la place Royale. L'itinéraire a fait l'objet d'études et de publications, notamment celles de Léo Imbert, des catalogues du Conseil d'Architecture d'Urbanisme et de l'Environnement des Alpes-Maritimes, ainsi que des contributions de Jean-Loup Fontana, Bertrand Roussel et Frédéric Boyer.