Origine et histoire de la Pierre Saint-Martin
La Pierre Saint-Martin, aussi appelée Pierre du Pas de Saint-Martin, est un polissoir fixe situé sur la commune de Luzillé, en Indre-et-Loire, à 1,2 km au sud-ouest du bourg. Employé au Néolithique pour l’affûtage des outils en silex, ce mégalithe est dressé sur un poudingue dont la partie supérieure est gréseuse, matériau favorable au polissage. Le bloc mesure environ 2,50 m sur 2 m à la base et s’élève à 0,70 m hors sol. Sa surface supérieure porte cinq rainures droites ou fuselées, dont la plus longue mesure 405 mm, ainsi que trois cupules circulaires et deux plages plus irrégulières ; les cupules ont sans doute servi de réservoirs pour l’eau nécessaire au polissage. L’ensemble rappelle d’autres polissoirs observés à Brèches, Saint-Eliph et Nottonville-Civry. Des silex néolithiques, notamment des haches polies, ont été découverts aux abords du polissoir, et un menhir en pierre meulière est également répertorié à Luzillé, au lieu-dit « Les Sables ». Le nom de la pierre est lié à la « légende des gerbes », une tradition orale qui attribue les empreintes visibles à la marque du sabot de l’âne de saint Martin ; Jean Moreau met en relation cette toponymie avec la présence de trois églises dédiées à saint Martin à proximité et évoque une possible « intervention » de Martin de Tours ou de l’un de ses disciples. Signalé à la Société archéologique de Touraine en 1892 par un instituteur de Luzillé, le polissoir faillit être vendu ou détruit au début des années 1910 ; pour l’en empêcher, la société décida d’acheter le bloc et le terrain, l’acquisition étant finalement réalisée quelques années plus tard pour la somme de 60 francs, la SAT en restant propriétaire. Le préhistorien Gérard Cordier, membre de la SAT, entreprit en 1950 les démarches visant au classement du site, qui aboutirent par arrêté du 29 septembre 1952. Avant 1950, le polissoir avait subi quelques dégradations. Les inventaires montrent que, outre la Pierre Saint-Martin, plusieurs polissoirs fixes existaient dans le département : Cordier en recensait au moins trois en 1951 (Petit-Pressigny, Saint-Cyr-sur-Loire et Thizay) et Jean-Claude Marquet en identifiait quatorze en 2011.