Origine et histoire du Pont
Pont d'Iéna
Le pont d'Iéna est un pont parisien franchissant la Seine, réservé aux piétons et aux cyclistes depuis les Jeux olympiques de 2024. Il est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 12 juin 1975.
Le pont relie la tour Eiffel au Trocadéro ; sur la rive droite il donne accès à l'avenue de New-York, et sur la rive gauche il sépare le port de La Bourdonnais du port de Suffren en croisant le quai Jacques-Chirac au niveau de l'esplanade des Ouvriers-de-la-Tour-Eiffel. Le site est desservi par la station de métro Trocadéro.
Son nom commémore la victoire d'Iéna du 14 octobre 1806, remportée par les armées napoléoniennes contre les forces prussiennes. L'empereur Napoléon Ier fit construire le pont et, par un décret rendu à Varsovie en 1807, l'appela pont d'Iéna au lieu des appellations envisagées comme « pont du Champ-de-Mars » ou « pont de l'École-Militaire ». La construction était rendue possible par le comblement en 1812 du chenal qui séparait l'île des Cygnes de la terre ferme du quartier du Gros-Caillou, comprenant la partie du Champ-de-Mars où s'élève la tour Eiffel.
Le pont devait relier la colline de Chaillot, où un palais du roi de Rome était projeté, au Champ-de-Mars et aux bâtiments prévus pour les Archives et l'Université sur la rive gauche ; ces projets furent abandonnés à la chute de l'Empire. Les travaux, commencés en 1808, furent d'abord confiés à Jacques Dillon puis, après son décès, à l'ingénieur Corneille Lamandé ; l'entrepreneur Zacharie Guillé dit Galland exécuta l'ouvrage jusqu'en 1814.
En 1815, lors de la seconde occupation de Paris, le maréchal Blücher voulut faire sauter le pont ; malgré les interventions de Louis XVIII, de Talleyrand et de Gouviont-Saint-Cyr, il fallut l'intervention du tsar Alexandre pour empêcher cet acte, et l'ouvrage fut finalement sauvé. Il prit alors le nom de « pont de l'École-Militaire » et perdit ses aigles décoratives, avant de retrouver son nom et ses ornements sous le règne de Louis-Philippe.
En 1853, quatre sculptures furent installées aux extrémités du pont : sur la rive gauche le Cavalier gaulois d'Auguste Préault et le Cavalier romain de Louis-Joseph Daumas, et sur la rive droite le Cavalier arabe de Jean-Jacques Feuchère et le Cavalier grec de François Théodore Devaulx. Le pont fut couvert lors de l'Exposition universelle de 1889.
Pour l'Exposition universelle de 1900, le pont fut réservé à l'usage de l'exposition et élargi à 24 mètres par l'adjonction de passerelles métalliques reposant sur les piles originales, œuvres de Jean Résal et Lion pour le dessin et réalisées par Daydé & Pillé ; ces passerelles ne supportaient cependant que des trottoirs élargis et furent progressivement supprimées vers 1920. En 1935, en prévision de l'Exposition universelle de 1937, le pont fut de nouveau élargi, de 14 à environ 35 mètres, par l'adjonction d'éléments en béton et le renforcement des piles existantes.
L'ouvrage mesure 155 mètres de long et présente cinq arches de 28 mètres en arc de cercle, quatre piles intermédiaires et des tympans ornés d'aigles impériales dessinées par François-Frédéric Lemot et sculptées par Jean-François Mouret. En vue des Jeux olympiques d'été de 2024, la municipalité a proposé un projet d'« amphithéâtre végétal » incluant la piétonnisation du pont et la transformation du croisement avec le quai Jacques-Chirac en promenade plantée ; malgré l'adoption du projet par le Conseil de Paris en février 2022, le préfet de police a opposé son veto invoquant des reports de circulation et des difficultés d'accès pour les secours, et les recours de la ville ont été rejetés en octobre 2022 et en avril 2023. En février 2024, la maire a annoncé vouloir relancer les négociations après les Jeux, et en septembre 2024 la municipalité a publié un arrêté interdisant définitivement la circulation motorisée sur le pont.
Début 2024, les quatre statues du pont ont été rénovées.