Origine et histoire du Pont de la Reine Jeanne
Le pont de la Reine Jeanne, situé sur la commune de Saint-Benoît (Alpes-de-Haute-Provence), permet de franchir le Coulomp. L'existence d'un pont en cet endroit est attestée dès 1296. À la fin du XVIIe siècle, la communauté demanda la reconstruction d'un ouvrage; des devis furent établis et un pont en bois fut construit puis, d'après les autorités locales, rapidement ruiné. Au début du XVIIIe siècle, les commissaires décidèrent de relancer les travaux et l'architecte Vallon dressa un nouveau devis en 1727, indiquant avoir commencé des réparations dès 1714. Le chantier fut adjugé lors d'une enchère le 15 février 1728 à Joseph Blanc, entrepreneur du Fugeret, et le prix fut révisé le 22 avril 1728. Le projet de 1727 fut ensuite modifié pour porter la portée de l'arc de 20 à 32 mètres, afin d'éviter d'implanter la culée droite sur une zone de graviers. Les travaux s'achevèrent au début des années 1730; la réception apparaît dans les documents de 1733 et 1734, et elle est confirmée en 1743. Le relevé du cadastre napoléonien représente quatre contreforts qui ne sont pas mentionnés dans les documents du début du XVIIIe siècle ; si ces contreforts ont existé, les deux situés en rive gauche ont disparu au XIXe ou au XXe siècle. La maçonnerie du pont présente un double rouleau : le parement intérieur est en pierres bien appareillées, le second rouleau est plus fruste, disposition comparable à celle du pont du Fugeret. Au XVIIIe siècle, l'ouvrage était appelé pont de Saint-Benoît ; l'appellation « pont de la Reine Jeanne » est plus récente et ne figure pas sur le cadastre de 1830, même si ce nom semblait fixé lorsque le pont fut inscrit aux monuments historiques le 19 janvier 1928 ; il renverrait probablement à Jeanne Ire de Naples. Le pont fut endommagé en 1940; le parapet aval fut réparé en 1942. Une campagne de consolidation de la maçonnerie a été conduite en 1978 par l'entreprise L. Mapelle de Sisteron sous la direction de l'architecte J.-P. Ehruan. Dans le cadre de la Mission patrimoine 2024, une aide de 50 000 euros a été attribuée pour contribuer à remédier au manque d'entretien et à la sensibilité du monument aux intempéries et à l'érosion des matériaux. L'ouvrage présente une ouverture de 29 mètres, une hauteur sous clé de 12,5 mètres et une longueur du tablier, au niveau des parapets, de 42,15 mètres ; la chaussée entre parapets mesure 2,70 mètres de largeur, les parapets ont une épaisseur de 0,40 mètre et la culée en rive droite une largeur de 4,20 mètres.