Période
XVIe siècle, 2e moitié XVIIe siècle
Patrimoine classé
Les façades et toiture de la maison du XVIIe siècle sise 12, rue du Pont (cad. AK 259) : classement par décret du 8 août 1929 ; Le pont de Rohan, à savoir, en totalité, l'ensemble des parties constitutives de l'ouvrage d'art franchissant l'Elorn supportant les parcelles n° 259 à 267, n° 535 et n° 764, et la section de la rue du Pont (route départementale RD 712A) traversant le pont, domaine public non cadastré, section AK du cadastre, y compris les sols de ces parcelles et de cette section de la rue du Pont et les éléments architecturaux construits sur le pont, ainsi que les façades et toitures des immeubles bâtis qu'il supporte, situés n° 4, 6, 7, 8, 9, 11 et 13 rue du Pont, sur les parcelles section AK n°260 à 267 et n° 535, à l'exclusion de celles de la maison située 12 rue du Pont, sur les parcelles section AK n° 259 et n° 764, déjà classées par décret du 8 août 1929, tels que délimités en rouge sur le plan annexé à l'arrêté : classement par arrêté du 28 novembre 2022
Origine et histoire du Pont de Rohan
Maison à rez-de-chaussée, étage et comble éclairé par des lucarnes en pierre, la construction a vu son rez-de-chaussée transformé au point de perdre ses dispositions d'origine, remplacées aujourd’hui par une devanture moderne ; son mur oriental est en contact direct avec la rivière. Une inscription date le pont de 1510 et la maison illustre le type de demeure bourgeoise du début du règne de Louis XIV. La cité de Landerneau, traversée par l’Elorn, s’est développée autour de cet axe de franchissement ; le pont de Rohan, construit au XVIe siècle au fond de l’aber qui servait de port, est affecté par la marée et sépare l’eau douce de l’eau saumâtre. Il figure parmi les plus anciens des ponts bâtis d’Europe et fait partie des dix-neuf ponts habités souvent cités sur le continent. Le tronçon de soixante-sept mètres qui constitue la rue du Pont relie le quai de Léon au nord au quai de Cornouaille au sud. L’ouvrage compte cinq arches : la première enjambe un canal-déversoir vers une petite île, puis un pertuis ferme un bief qui sépare cette île d’un second îlot central relié par une deuxième arche peu visible au passant ; une digue consolide la rive nord de cet îlot et se prolonge en aval au-delà d’un barrage, puis trois arches franchissent le bras principal de l’Elorn en aval d’un autre barrage. Un pont, probablement en bois, franchissait déjà l’Elorn au moins depuis que l’acte de fondation d’un hôpital « à la tête du pont » atteste sa présence en 1336. Reconstruit en 1510 par le vicomte Jean II de Rohan, l’ouvrage comprenait à l’origine deux boutiques, un moulin, une prison, une pêcherie, une chapelle et une salle de garde ; le vicomte institua un péage pour financer les travaux et l’entretien, et la pierre dédicatoire placée sur le moulin est désormais conservée à l’entrée du pont. Une partie de la structure du début du XVIe siècle et l’ensemble des édifices édifiés aux XVIIe et XIXe siècles restent visibles malgré des remaniements des éléments porteurs et la présence de constructions récentes. Le port, fermé en amont par le pont, connut un trafic intense vers Séville, Saint-Sébastien, Anvers et la Baltique, d’où étaient exportées les étoffes très recherchées dites crées du Léon. Au XVIIe siècle se dressèrent les petites maisons serrées sur le pont, appuyées en amont sur le bord du tablier et, de l’autre côté, sur des pilotis ; en 1639, le magistrat Jacques Gillart fit édifier, à l’angle du pont et du quai de Cornouaille, une belle demeure de style Renaissance en pierre de Logonna dont les fondations furent portées dans le lit de la rivière. La suppression du péage en 1760, puis la responsabilité de l’entretien confiée à un gouverneur éloigné, entraînèrent une dégradation progressive de l’ouvrage. Le moulin, alimenté par le courant de l’Elorn, fut détruit par un incendie en 1825 puis entièrement rasé en 1897 ; des consolidations furent réalisées, mais les crédits manquèrent pour une rénovation complète. Pendant l’Occupation, la Wehrmacht doubla le pont par un passage en bois, remplacé en 1958 par un pont en béton destiné à soulager le vieux pont de Rohan du trafic routier pour lequel il n’était pas adapté. Le pont et les maisons ont fait l’objet de protections successives au titre des monuments historiques : classement en 1929 pour la maison du XVIIe siècle située au 12 rue du Pont, inscription en 1932 pour la maison du 11 rue du Pont, inscription en 2010 pour les autres éléments du pont, et classement en 2022 de la totalité du pont ainsi que des façades et toitures des immeubles qu’il soutient.