Origine et histoire du Pont
Le pont des Arts est une passerelle piétonne qui traverse la Seine au cœur de Paris, reliant le 1er arrondissement (quai François-Mitterrand) et le 6e arrondissement (quai de Conti) et offrant des vues sur l’Île de la Cité, Notre-Dame, le musée d’Orsay, l’Institut de France et le Pont-Neuf. Construit en fonte au tout début du XIXe siècle, il fut le premier pont métallique de la capitale. Sa dénomination provient du palais du Louvre, anciennement appelé « palais des Arts » lorsqu’il devint musée national après la Révolution. La décision de créer plusieurs ponts à Paris fut prise au début du siècle et la construction de la passerelle fut confiée à la Compagnie des Trois Ponts ; le projet présenté par Louis-Alexandre de Cessart imposa l’emploi de la fonte afin de favoriser l’industrie métallurgique française. Conçu pour les piétons, l’ouvrage était léger : il mesurait dix mètres de large, 157,50 mètres de long et comportait neuf arches reposant sur des piles en maçonnerie, le tablier étant surélevé par rapport aux quais et desservi par des escaliers à chaque extrémité. Jean-Baptiste Launay fabriqua les éléments métalliques et l’ingénieur Jacques Dillon assura la maîtrise d’œuvre. Au milieu du XIXe siècle, l’élargissement du quai de Conti transforma deux arches de rive gauche en une seule, et le pont conserva longtemps un caractère pittoresque, frappé d’un péage mentionné par Balzac. Divers projets et événements marquèrent son histoire, dont une proposition de remplacement par Eugène Hénard en 1902 et la découverte, sous l’Occupation, du corps du général Mordacq dans les circonstances rapportées par la presse de l’époque. Fragilisé par les bombardements et plusieurs collisions de bateaux, l’ouvrage fut déclaré fragile en 1976, fermé à la circulation en 1977 puis s’effondra partiellement en 1979 à la suite d’une collision avec une barge lors d’une crue ; il fut démonté en 1980. Environ la moitié du pont démonté fut récupérée par la ville de Nogent-sur-Marne, stockée puis remontée au bord de la Marne, où elle fut inaugurée en 1992. Reconstruit entre 1981 et 1984 d’après les plans de Louis Arretche, le pont actuel reprend l’aspect général de la passerelle d’origine tout en réduisant le nombre d’arches à sept et en remplaçant la fonte par de l’acier ; l’alignement des arches a été harmonisé avec celles du Pont-Neuf et l’ouvrage a été inauguré en 1984. Classé au titre des monuments historiques depuis le 17 mars 1975, il relie les quais Malaquais et de Conti en face de l’entrée monumentale et de la coupole de l’Institut de France, et le quai François-Mitterrand en face de l’entrée sud de la cour carrée du Louvre, formant ainsi un axe entre ces deux sites. Le pont est desservi par les stations de métro Louvre–Rivoli, Pont-Neuf, Mabillon et Saint‑Germain‑des‑Prés. À partir de 2008, les garde-corps grillagés furent recouverts de « cadenas d’amour », une pratique qui se propagea à d’autres passerelles et suscita une vive polémique en raison du poids et des risques de dégradation : la municipalité évoqua une accumulation importante de cadenas et fit retirer les grilles le 1er juin 2015, les remplaçant d’abord par une exposition de street art puis, à partir de l’automne 2015, par des panneaux de verre. Le pont a bénéficié d’une rénovation en 2023, pour un coût de 1,8 million d’euros : son platelage délabré a été entièrement remplacé par du bilinga, un bois exotique africain choisi pour sa durabilité et sa résistance aux variations de température et aux vibrations, sur une surface de 1 600 m², et de nouveaux bancs y ont été installés ; le matériau a été acheminé par péniche et le nouveau platelage est conçu pour durer environ trente ans. Le pont des Arts occupe une place importante dans la culture et les arts : il apparaît dans la littérature — Vercors et Albert Camus en ont fait des lieux symboliques — est représenté par de nombreux peintres (Renoir, Pissarro, Signac, parmi d’autres), accueille parfois des expositions en plein air comme celle d’Ousmane Sow au printemps 1999 qui a attiré plusieurs millions de visiteurs, et figure dans de nombreux films, séries et chansons. Il a également servi de cadre à des événements contemporains, dont une prestation lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de 2024.
Devenir actuel
Les parapets grillagés du pont des Arts ont été le support de nombreux « cadenas d'amour » accrochés par des couples. Cette pratique, apparue sur ce pont en 2008, s'est ensuite étendue à la passerelle Léopold-Sédar-Senghor, au pont de l'Archevêché ainsi qu'à la passerelle Simone-de-Beauvoir.
Devant la polémique sur la dégradation du patrimoine engendrée par la présence de ces tonnes de cadenas, et leur aspect particulièrement inesthétique, la mairie de Paris a décidé d'y mettre fin en septembre 2014. Les grillages sont définitivement retirés le 1er juin 2015 et remplacés par des panneaux en verre.
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