Origine et histoire du Pont des Belles Fontaines
Le pont des Belles-Fontaines, ouvrage du XVIIIe siècle construit entre 1724 et 1728 à Juvisy-sur-Orge, prolongeait la route royale aujourd’hui devenue la Nationale 7 (avenue de la Cour de France) et permet le franchissement de l’Orge et, plus tard, du RER C. Classé monument historique en 1914, il est issu d’une collaboration entre quatre acteurs : le trésorier général des finances Jean-François Mignot, grand voyer et commissaire pour les ponts et chaussées de la généralité de Paris ; l’architecte ingénieur Jacques de La Guépière, intervenu lors de la seconde phase du chantier ; le frère dominicain et ingénieur François Romain, présent aux études préliminaires ; et l’entrepreneur Claude Bonneau, titulaire des marchés en 1724 et 1728. Deux régiments d’infanterie, assistés par des spécialistes du Génie experts en explosifs, participèrent aux travaux de sape du coteau. Le chantier se déroula en deux phases : de 1724 à 1726 on édifia la voûte et, de part et d’autre, deux murs convergents raidis par sept contreforts ; après l’effondrement d’un de ces murs en avril 1727, l’écartement des murs fut assuré par une série de sept arcs doubleaux. En 1728 les parapets furent ornés d’une fontaine en borne placée au droit de la clé de la voûte. Appelé à l’origine le Pont du Roy, l’ouvrage prit le nom des deux fontaines monumentales sculptées par des artistes de l’Académie, commandées après la découverte de sources sur le site et approuvées par Louis XV, qui les considéra comme des trophées en son honneur ; ces fontaines servaient également à abreuver les chevaux. Le pont comprend plusieurs arches : une seule enjambe l’Orge, les autres franchissent soit un terrain vague soit la ligne du RER C ; des arches parallèles, prévues dès l’origine, renforcent les remblais. Pour permettre le passage de la ligne de chemin de fer Paris-Orléans ouverte en 1843, on percea le remblai à 75 m du pont afin de conserver la pente de la chaussée ; la percée fut élargie en 1974 pour le passage de six voies ferrées. L’élargissement de la route nationale 7 en 1970, sur le tronçon entre la « pyramide » et la rue Blazy, porta la largeur au droit du pont de 9 m à 16,25 m pour établir cinq voies de circulation. Ces travaux d’élargissement entraînèrent le démontage des fontaines monumentales ; elles furent déposées dans le parc du château de la Cour de France, propriété acquise par la commune, et sont également signalées comme réinstallées dans le parc de la mairie de Juvisy. Le long de la nouvelle route se sont progressivement installés maisons, immeubles, commerces et services liés au trafic routier. Le pont occupe l’emplacement où l’ancienne voie romaine dite via romana des plateaux descend du plateau surplombant la Seine et l’Orge avant d’entrer dans la plaine et de poursuivre vers Viry-Châtillon.