Origine et histoire
Le pont des Catalans est un pont routier de Toulouse franchissant la Garonne. Il s'agit d'un ouvrage en arc, réalisé en pierre et en béton armé, inauguré en 1908 et conçu par l'ingénieur Paul Séjourné. Initialement appelé pont des Amidonniers d'après le quartier qu'il relie, il prit ensuite le nom de pont des Catalans pour honorer l'amitié entre Toulouse et Barcelone après la visite du maire Domènec Sanllehy i Alrich le 4 juin 1907. Le tablier comporte une chaussée à deux fois deux voies, bordée de trottoirs et d'une piste cyclable. Il mesure 257 m de long, 22 m de large et atteint 45 m de hauteur.
La ville lança un concours en précisant que le tablier devait supporter deux voies de chemin de fer départemental, deux voies routières et des trottoirs. En 1901, le projet le moins coûteux proposait un pont métallique en sept travées de 35 m pour 940 000 F, mais le jury présidé par Jean Résal le jugea inadapté sur le plan architectural et recommanda de l'écarter, estimant qu'un surcoût de 200 000 F serait justifiable pour obtenir une meilleure intégration. Un projet en béton armé était chiffré à 1 200 000 F et une solution en maçonnerie à environ 1 500 000 F ; le maître d'ouvrage choisit finalement le projet en maçonnerie qui, après optimisation et aléas de chantier, revint à 1 146 000 F.
Séjourné, déjà auteur du pont Adolphe à Luxembourg, reprit sa conception dite « à deux anneaux » en réduisant la largeur des anneaux à 3,25 m, en les espaçant de 10 m et en prévoyant un encorbellement du tablier de 3 m. Cette disposition permit de porter un tablier en béton armé de 22 m de largeur sur deux voûtes en maçonnerie dont l'ensemble atteint 6,50 m de largeur. Pour assurer une intégration harmonieuse, il prévit des tympans en briques rouges. Les deux voûtes furent construites simultanément : la première travée fut réalisée rive droite sur cintre, suivie des deuxième et troisième travées ; après le décintrement des deux premières, les cintres furent transférés sur l'autre rive pour exécuter les travées quatre et cinq, puis déposés. Les ouïes prennent la forme de coquilles Saint-Jacques en référence à l'Hôtel-Dieu Saint-Jacques. La dalle a été réalisée par Armand Considère, Pelnard et Lossier.
Pour limiter les efforts thermiques dans la dalle, Séjourné prévoyait de la laisser libre de se dilater à partir du centre, mais l'adjudicataire du tablier choisit de la faire reposer sur des pendules oscillants. Le pont a été inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques par arrêté du 6 août 2018, la direction régionale des affaires culturelles soulignant son intérêt pour l'histoire, le génie civil et l'art en raison des innovations techniques de la construction à « anneaux », de l'élégance du dessin et des recherches de Paul Séjourné sur les ponts en maçonnerie. Des travaux sur la digue du pont ont été documentés le 13 février 1968, notamment par des photographies d'André Cros conservées aux Archives de Toulouse.
