Origine et histoire du Pont du Diable
Le Pont du Diable, aussi appelé pont Saint-Antoine, enjambe l'Ariège entre Foix et Tarascon-sur-Ariège et relie la commune de Montoulieu à Saint-Paul-de-Jarrat et Mercus-Garrabet. Installé dans une partie encaissée de la vallée, l'ouvrage présente une silhouette ogivale et a été décrit comme fortifié ; sur la rive gauche se voient les ruines d'une maison fortifiée qui formait la tête de pont, avec les infrastructures et deux arches d'entrée et de sortie encore visibles. Si certaines descriptions anciennes évoquent une seule arche très élevée, le pont est en réalité soutenu par quatre arches, dont deux sont bien visibles sur le cours de l'Ariège et deux autres sont comprises dans la bâtisse accolée. Le nom « Pont du Diable » dérive d'une légende locale selon laquelle un habitant de Ginabat conclut un marché avec le Diable pour obtenir le pont ; le Diable, qui devait prendre l'âme du premier passant, fut trompé quand on fit traverser un chat et tomba dans la rivière. D'autres récits populaires associent parfois le lieu au comte de Foix Gaston Fébus ; l'érudit Adelin Moulis rapporte une tradition attribuant la construction au XIIIe siècle et mentionne des interventions de seigneurs locaux et d'un certain Peyronnet, mais il précise que ces attributions ne reposent sur aucune base historique connue. Moulis restitue aussi deux variantes de la légende locale, dont l'une met en scène une femme sauvée par saint Antoine qui provoque la chute du diable, l'autre reprenant les motifs habituels des ponts du diable. Pendant longtemps l'origine du pont demeura obscure et la légende prit le pas au point que la signalisation routière lui attribuait le XIIIe siècle ; l'ouvrage n'apparaît cependant sur aucune carte ancienne consultée, ni sur la carte de Cassini ni sur les cartes d'état-major du XIXe siècle, et il ne se situe sur aucun chemin d'importance. En réalité, le pont a été construit en 1836 par l'entrepreneur local Adolphe Garrigou pour son beau-frère et associé Léo Lamarque. Lamarque, polytechnicien ayant travaillé avec le mathématicien Jean-Victor Poncelet, y testa une roue hydraulique de son invention : une roue fixée à l'extrémité d'un long axe plongeant directement dans le tourbillon de la rivière entre les deux arches principales, d'où l'absence d'un canal d'amenée et des installations traditionnelles d'un moulin. Une restauration a été entreprise en 1946, comprenant la réparation d'un encorbellement, la consolidation des crêtes de murs et un débroussaillage. Le site et ses abords furent inscrits par arrêté le 30 avril 1942, puis l'édifice fit l'objet d'un arrêté de protection le 17 avril 1950.