Origine et histoire du Pont Jacques-Gabriel
Le pont Jacques-Gabriel, dit Pont sur la Loire, relie à Blois le centre-ville (rive droite) au quartier Vienne (rive gauche). Après l'effondrement du pont médiéval entre le 6 et le 7 février 1716, le régent autorise le 14 novembre 1716 la construction d'un nouvel ouvrage d'après les plans de Jacques Gabriel, architecte et premier ingénieur des ponts et chaussées. Les travaux, commencés en avril 1717, s'achèvent le 4 mai 1724 ; dès 1723 on aménage les quais des deux rives. Pour assurer la liaison avec la ville, on détruit une grande portion du mur d'enceinte et on élargit la rue de la Poissonnerie ; la voie menant au pont est pavée en 1724. Le pont, édifié en amont de l'ancien ouvrage, est couronné en son centre d'une pyramide ou obélisque ornée d'un cartouche, œuvre du sculpteur Guillaume Coustou, et mesurant 14,60 m de hauteur. Pendant la Révolution, la plaque de marbre qui relatait la construction disparaît et les symboles monarchiques sont retirés. En 1793, deux arches sont rompues pour ralentir une marche des Vendéens ; elles sont rétablies en 1803. Du côté du faubourg de Vienne, une voûte est minée en 1870 puis reconstruite en 1872 ; des remplissages de sable utilisés lors de cette intervention se révèlent défectueux lors des bombardements de 1940. Le pont est pourvu de rails pour le tramway entre 1910 et 1933. Inscrit au titre des monuments historiques en 1937, il subit de nouveaux dommages pendant la Seconde Guerre mondiale : en juin 1940 une arche est rompue, des bombardements en 1944 aggravent les destructions, et les trois arches centrales sont minées par les Allemands lors de leur retraite le 16 août 1944. Après la guerre, une passerelle en bois est ouverte à la circulation le 2 septembre 1945 ; les réparations sont achevées en 1948 et le cartouche refait à l'identique par le sculpteur Gilly. En 1989 une nouvelle plaque est inaugurée grâce à une souscription lancée par l'association des Amis du Vieux Blois ; elle est restaurée et dorée en 2006. Depuis 2016, le pont compte deux trottoirs piétons au lieu d'un, au détriment d'une voie automobile. Construit principalement en tuffeau issu des carrières de la Chaussée-Saint-Victor, l'ouvrage actuel comporte 11 arches et mesure 283 m de long ; trois arches datent encore de la construction initiale. Le profil en dos-d'âne, renforcé par la pyramide centrale, et l'absence initiale d'habitations distinguent ce pont sur la Loire. Sa structure lui a permis de résister aux grandes crues depuis 1724, notamment les hivers de 1788–1789 et les crues de 1846, 1856 et 1866. Le pont a également servi de lieu de tournage, apparaissant notamment dans la série The Serpent Queen (dernier épisode de la deuxième saison, 2024).