Origine et histoire du Pont
Le pont levant de la rue de Crimée se situe à l'intersection du bassin de la Villette et du canal de l'Ourcq, dans le 19e arrondissement de Paris, et relie le quai de l'Oise au quai de la Marne en prolongeant la rue de Crimée. Mis en service en 1885, il est aujourd'hui le dernier pont levant de Paris et effectue encore près de 9 000 manœuvres par an. Une passerelle piétonne fixe et surélevée, accolée au pont, permet aux piétons de traverser lorsque le tablier est relevé. Le site est desservi par les stations de métro Crimée, Riquet, Ourcq et Laumière. Un premier pont tournant, construit en 1874 pour remplacer un ouvrage en bois incendié en 1871, occupait auparavant cet emplacement. Ce pont tournant, long de 17,80 m et large de 7,60 m, disposait d'une seule volée et d'une passe pour bateaux de 7,94 m ; sa manœuvre était assurée par une machinerie hydraulique alimentée par le réservoir de Ménilmontant, avec possibilité d'actionnement manuel en cas de panne. La décision de remplacer ce pont par un pont levant s'inscrit dans un programme de rehaussement du tirant d'eau et d'amélioration de la navigation entre les bassins du port de la Villette, engagé après le rachat des canaux par la ville et l'augmentation de la profondeur à 3,20 m. Après étude des différentes solutions, le choix se porta sur un pont levant conçu sous la direction de l'ingénieur en chef Edmond Humblot, avec l'ingénieur Louis Le Chatelier et l'assistance du conducteur Briolet. Le constructeur Fives-Lille répondit seul à l'appel d'offres et proposa un ouvrage équilibré par quatre contrepoids d'angle évoluant dans des puits étanches sous le plan d'eau ; la partie apparente du mécanisme fut réduite aux chaînes, poulies d'équilibre et supports décoratifs en fonte. Fives-Lille déposa un brevet sur ce procédé le 14 décembre 1883 et sa proposition fut acceptée par le conseil municipal le 31 mars 1884. Le chantier a dû traiter des contraintes particulières, notamment l'abaissement d'un important collecteur situé sous la rue de Crimée pour tenir compte de la nouvelle profondeur du bassin, sans interrompre les services qu'il contenait. À l'époque de sa construction, l'ouvrage était le troisième pont levant construit en France. Le pont levant et la passerelle attenante ont été inscrits au titre des monuments historiques par un arrêté du 12 février 1993. L'ensemble a été entièrement rénové en 2010-2011 : la centrale hydraulique a été modernisée pour réduire la consommation d'eau potable (2 m3 par manœuvre auparavant), et la télégestion a été installée depuis le poste de commande de la première écluse du canal Saint-Denis ; le coût de l'opération a été estimé à 3,8 millions d'euros. On peut encore observer les éléments constitutifs du site, notamment la passerelle piétonne, le système de levage et le bâtiment annexe portant une plaque mentionnant la date de construction et le blason de Paris. À proximité se trouvent la place de l'Édit-de-Nantes, le centre de secours Bitche de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris, le square Serge-Reggiani avec son kiosque à musique, l'église Saint-Jacques-Saint-Christophe de la Villette et le marché de Joinville.