Origine et histoire du Pont
Le pont Mirabeau, construit de 1893 à 1896 et classé monument historique le 29 avril 1975, enjambe la Seine entre le 15e arrondissement (rive gauche) et le 16e arrondissement (rive droite) à Paris. Il relie la rue de la Convention et le rond‑point du Pont‑Mirabeau, sur la rive gauche, à la place de Barcelone et à la rue de Rémusat, sur la rive droite. La gare de Javel du RER (ligne C) se trouve sur la rive gauche en amont et le site est desservi par les stations de métro Mirabeau et Javel – André Citroën. Le pont porte le nom de l'écrivain et tribun de la Révolution française Honoré‑Gabriel Riquetti de Mirabeau. La décision de construire un nouveau pont à cet emplacement a été prise par le président Sadi Carnot le 12 janvier 1893. Il a été conçu par l'ingénieur Paul Rabel, responsable des ponts de Paris, assisté de Jean Résal et Amédée Alby, et réalisé par l'entreprise Daydé & Pillé. Pour la fondation des piles, le procédé des caissons à air comprimé a été employé pour la première fois. Pendant la Première Guerre mondiale, le 16 juillet 1918, un obus lancé par la Grosse Bertha a explosé dans la Seine entre les ponts de Grenelle et Mirabeau. L'arche principale présente une portée de 93 mètres et les deux arches latérales mesurent 32,4 mètres chacune. L'arche de la rive droite franchit la voie sur berge, tandis que celle de la rive gauche enjambe le quai et prolonge une passerelle au‑dessus de la voie ferrée du RER. À l'époque de sa construction, le pont affichait le rapport longueur/hauteur le plus élevé, avec un ratio de 16. Sa longueur totale est de 173 mètres et sa largeur de 20 mètres, dont une chaussée de 12 mètres et deux trottoirs de 4 mètres chacun. Les deux piles sont sculptées en forme de bateaux : celui près de la rive droite descend la Seine et celui de la rive gauche la remonte. Ces bateaux portent quatre statues allégoriques en bronze de Jean‑Antoine Injalbert, nommé officier de la Légion d'honneur lors de l'inauguration. La Ville de Paris orne la proue du bateau de la rive droite et L'Abondance celle de la rive gauche, tandis que La Navigation et Le Commerce occupent les poupes. Les allégories de proue font face à la Seine et celles de poupe regardent le pont, dos à la Seine. Les quatre statues sont surmontées, au niveau du parapet, des armoiries de la Ville de Paris. À l'extrémité rive droite, deux escaliers permettent de descendre vers la voie sur berge, un vers l'aval et l'autre vers l'amont ; sur la rive gauche, deux rampes donnent accès au port autonome de Paris, l'une vers l'aval et l'autre vers l'amont. Le Pont Mirabeau est également célèbre grâce au poème éponyme de Guillaume Apollinaire, publié dans le recueil Alcools. Ce poème a inspiré de nombreuses mises en musique et interprétations, notamment par Léo Ferré (1953), Henri Tachan (1991), Pow wow (1996), Marc Lavoine (2001) et Chanson plus bifluorée (2011), ainsi que des lectures de Serge Reggiani. Georges Brassens y fait référence dans sa chanson Les Ricochets et une version chorale a été écrite par le Québécois Lionel Daunais ; Michel Delpech en a aussi interprété la chanson. Le guitariste Antoine Aureche (Valfeu) en a proposé une mise en musique enregistrée avec la chanteuse Desireless sur l'album Guillaume et présentée sur scène dans un conte musical dont la première a eu lieu le 4 novembre 2016 au musée Apollinaire de l'abbaye de Stavelot. Thomas Fersen a écrit une pièce intitulée "Pont Mirabeau" sur son album Les Ronds de carotte. Un cadavre y est repêché dans l'épisode Les Eaux troubles de Javel de la série Nestor Burma et une scène du film Jet Set de Fabien Onteniente y a été tournée en 2000. Le poète Paul Celan se serait suicidé depuis ce pont dans la nuit du 19 au 20 avril 1970.