Origine et histoire du Pont Neuf
Le pont Neuf, qui franchit le Tarn à Montauban, est un ouvrage en béton armé ouvert à la circulation en 1913. Sa structure repose sur le principe novateur d'articulation de l'arc en trois points mis au point par Simon Boussiron, chargé du chantier. Le pont principal comporte deux arches de 53 et 56 mètres d'ouverture, des voûtes de faible épaisseur et de nombreux évidements, dispositions qui permettent de limiter l'obstacle aux crues du Tarn. Un bow-string, procédé plus courant à l'époque, enjambe le canal de Lissac. En avril 1907, le conseil général décida d'établir à Villebourbon la gare centrale du réseau de tramways départementaux et de raccorder la ligne de Montauban à Monclar par un pont en ciment armé à construire en face de la rue des Écoles, sous réserve d'une entente entre la ville et le département pour la participation financière. Un accord entre la municipalité et le département fut signé le 17 août 1907 et approuvé par le conseil général le 13 octobre, mais les archives témoignent d'une longue querelle ultérieure sur les contributions. Dans son rapport du 24 décembre 1908, l'ingénieur en chef des ponts et chaussées soutint que la réalisation d'un pont à Sapiac, avec des rampes accessibles aux tramways, améliorerait considérablement l'accès à la ville ; l'avant-projet dressé par la maison Hennebique fut estimé à 536 000 francs, la part de la vicinalité à 7/11e soit 341 091 francs et la subvention demandée à l'État à 89 879 francs. Le ministre de l'Intérieur accorda la subvention le 20 avril 1909, à laquelle s'ajouta une subvention exceptionnelle de 30 000 francs sollicitée par le conseil général. Le devis et le cahier des charges furent approuvés le 4 mai 1910 et un concours entre spécialistes du béton armé fut lancé ; le jury fut nommé le 10 juin 1910 et choisit le projet de Simon Boussiron le 19 novembre 1910. Le conseil général autorisa le 26 avril 1911 l'approbation du projet, évaluant les travaux d'entreprise à 518 000 francs tout en fixant la dépense maximale à 500 000 francs afin de financer la décoration, et le préfet confia définitivement le marché à Boussiron le 5 août 1911. Le projet initial prévoyait trois arches parallèles, mais, l'île de Sapiac étant très élevée, il fut jugé inutile de construire une troisième voûte ; on retint donc la solution de deux arches sur le Tarn et d'un bow-string sur le canal, ce qui réduisit aussi l'importance des fondations profondes. Le jury valida l'emploi d'un ciment à haute résistance dans les arches, permettant d'amincir les voûtes et d'alléger l'ouvrage. Le 26 mars 1912, le conseil municipal adopta l'éclairage électrique du pont au moyen de 18 poteaux métalliques intégrés au garde-corps ; le devis du 9 avril prévoyait en outre la substitution de garde-corps en fer forgé, des motifs aux articulations et aux extrémités, des moulures des arcs, des tympans et du bow-string, ainsi que des panneaux en brique pour la moulure supérieure des murs de soutènement. Le pont fut achevé en 1913, soumis aux épreuves de résistance consignées le 24 juin 1913, puis ouvert à la circulation le 29 juin 1913. La ligne de tramways, retardée par la guerre, ne fut mise en service qu'en janvier 1926 ; dès 1931 on envisagea de la remplacer par des autobus et la circulation des tramways cessa définitivement le 31 décembre 1933. Le pont Neuf a été inscrit au titre des monuments historiques le 29 avril 2005 et a fait l'objet de réparations, notamment le remplacement de son système d'éclairage.