Origine et histoire du Pont Royal
Le tunnel hydraulique du Gelon, à Chamousset (Savoie), permet au Gelon de traverser la colline avant de rejoindre l'Isère ; l'ouvrage, mis en eau en 1854, est inscrit au titre des monuments historiques depuis 1986 conjointement avec le Pont Royal. Creusé sous la colline de Chamousset en rive gauche de la confluence de l'Arc et de l'Isère, il reçoit le Gelon arrivé de Bourgneuf. La rivière pénètre dans le tunnel au sud de la colline et en ressort 125 mètres plus loin au nord. Elle emprunte ensuite un autre passage souterrain sous l'autoroute A43 puis est canalisée jusqu'à l'Isère, qu'elle longe sur environ deux kilomètres. L'église Saint-Maurice de Chamousset, classée, est située sur la colline traversée par le tunnel.
Avant sa construction, le Gelon, qui arrive de La Rochette par le val Gelon, se déversait dans l'Arc en amont de la confluence avec l'Isère. L'endiguement de l'Arc entrepris entre 1830 et 1841 a déplacé son embouchure vers la butte de Chamousset, ce qui a empêché le Gelon de s'écouler normalement et a entraîné des inondations récurrentes à Chamousset et Bourgneuf. Ces inondations rendaient les terres incultes et, selon le député Léon Brunier, provoquaient des fièvres endémiques qui décimaient la population. Pour remédier à cette situation, on proposa de dévier le Gelon directement dans l'Isère par un tunnel passant sous la colline.
Les travaux furent confiés à l'ingénieur en chef Joseph Mosca, qui présenta un premier devis en février 1844. Une seule voûte avait d'abord été envisagée, mais l'instabilité de la moraine a conduit à privilégier un tunnel à deux voûtes. Les entrepreneurs Insermini et Marocco, chargés des travaux, furent écartés en 1846 en raison de difficultés et de retards, puis les travaux furent suspendus durant quatre ans avant que Mosca n'établisse un nouveau devis le 4 avril 1850 et que le chantier ne reprenne. Bien qu'achevés initialement en 1852, la décision d'introduire immédiatement le Gelon dans le tunnel n'intervint que le 11 février 1854.
Le tunnel à deux voûtes est, d'après le métré de Mosca de 1851, long de 125 mètres (121 mètres après déduction des deux têtes en pierre de taille de 2 mètres chacune), large de 12,30 mètres et haut en moyenne de 4,40 mètres. Le même métré mentionne l'emploi de bois de blindage pour les galeries provisoires, de bois dur pour les cintres et ferrures, et de béton de mortier de chaux maigre avec gravier cassé dans les fondations. Les maçonneries comprennent de la pierre brute posée à bain de mortier avec parement en moellons piqués, des pierres de taille travaillées, et de la maçonnerie de pierres plates de la carrière de Reverdel posées à bain de mortier de chaux hydraulique. Le remplissage derrière la maçonnerie et sur les voûtes est réalisé avec du béton, de la maçonnerie ou du sable selon les circonstances, et des pierres brutes sont employées en enrochement dans les talus du canal en amont et en aval de la courbe.