Origine et histoire du Pont Saint-Bénézet
Le pont Saint‑Bénézet, couramment appelé pont d'Avignon, est un vestige rattaché à la rive gauche du Rhône composé de quatre arches encore en élévation. Il part du nord d'Avignon en direction du Gard, mais ne permet plus de traverser le fleuve : du pont originel long d'environ 900 mètres, détruit en grande partie par le Rhône, il ne subsiste qu'environ 120 mètres. Sur l'un des piliers subsistants sont édifiées la chapelle Saint‑Bénézet et, au‑dessus, la chapelle Saint‑Nicolas. Selon la tradition, Saint Bénézet entreprit la construction en 1177 sur des culées romaines ; achevé en 1185, l'ouvrage comportait vingt‑deux arches formant une ligne courbe d'environ 920 mètres pour une largeur de quatre mètres. Pendant longtemps, il fut l'un des rares points de franchissement du Rhône entre Lyon et la mer Méditerranée. Sa faible largeur empêchait le croisement des charrettes, de sorte que le transport de marchandises s'effectuait principalement par barque ou barge. En revanche, le pont jouait un rôle de poste‑frontière entre l'État pontifical et le royaume de France, permettant de contrôler le trafic et de percevoir des péages. Endommagé par les crues et les conflits, il fut reconstruit à plusieurs reprises, notamment entre 1234 et 1237. En 1479, des inondations détruisirent deux arches ; le roi Louis XI ordonna leur réparation par lettres patentes datées du 10 octobre. À l'époque du petit âge glaciaire, la modification du lit du Rhône entraîna de nouveaux effondrements : une arche en 1603, trois autres en 1605, puis la reconstruction d'au moins quatre d'entre elles vers 1628. Après la réouverture, deux arches s'effondrèrent de nouveau en 1633. Une crue en 1669 emporta plusieurs autres arches, ne laissant pratiquement que celles visibles aujourd'hui. Le pont a inspiré de nombreux artistes et figures culturelles : il est au centre de la chanson populaire "Sur le pont d'Avignon" et figurait dans l'ancien logotype de la ville, stylisé en jaune ocre. Plusieurs peintres ont représenté l'ensemble Rhône, pont et palais des papes — parmi eux James Carroll Beckwith, Paul Signac et Adrian Stokes, qui ont choisi des compositions et des proportions différentes. Le pont apparaît également dans des œuvres de la fin du XXe siècle et du début du XXIe siècle, comme le feuilleton La Demoiselle d'Avignon (1972), la bande dessinée Hypocrite de Jean‑Claude Forest (1972), un timbre de l'île de Man émis en 1974, la série La Prophétie d'Avignon (2007) et une mention dans la série Les Repentis (1997). Des photographies et gravures anciennes, notamment une prise par Édouard Baldus en 1864, ainsi que des vues depuis le jardin des Doms, l'île de la Barthelasse ou la nuit, témoignent de l'importance du site pour les représentations visuelles. Aujourd'hui, le pont Saint‑Bénézet demeure un symbole architectural et patrimonial d'Avignon, illustrant les enjeux de franchissement, de contrôle et de reconstruction liés au Rhône.