Origine et histoire de l'ancien pont
Le pont voûté en maçonnerie dit « ancien pont de Poissy » franchissait le bras principal de la Seine entre Poissy et Carrières-sous-Poissy, avec un franchissement du cours d'eau d'environ quatre cents mètres et une emprise proche d'un kilomètre entre les deux rives. Il se situe à proximité du pont moderne, à 330 mètres en aval de celui-ci et à 570 mètres en amont du pont de l'île de Migneaux. Voie de communication et d'échanges depuis le haut Moyen Âge, il desservait le marché aux bestiaux de Poissy et accueillait une activité portuaire, des pêcheries et des moulins implantés sur ses arches. Les origines du pont sont longtemps restées incertaines : les hypothèses évoquaient tour à tour une origine carolingienne, une reconstruction par saint Louis, un réemploi d'éléments anciens ou un ouvrage initial partiellement en bois, tandis que des archives montrent l'usage d'un bac en 1061 et des mentions d'un pont en bois en 1162. Des actes datés de 1209 et 1213 attestent en revanche de l'existence d'un pont en pierre vers 1200, avec la concession de moulins et l'autorisation d'établir une pêcherie sous l'arche maîtresse.
L'implantation du pont a structuré le bâti alentour, favorisant l'apparition d'un hameau dit le Petit Bourg et l'orientation des voies principales de Poissy, ainsi que l'installation de fortifications et d'un péage routier et fluvial. Le pont affichait de nombreuses arches, sur lesquelles étaient posés moulins et pêcheries, et les passages de bateaux faisaient l'objet de règles précises; la navigation exigeait souvent le halage et la coordination d'équipes de bateliers et de chevaux. Les pêcheries et moulins faisaient l'objet de droits et de litiges, et la gestion de la pêche fut encadrée au fil des siècles, avec perception de redevances et contrôles spécifiques.
À la suite d'usures et d'événements guerriers, l'ouvrage a connu de multiples réparations et reconstructions : des réfections et surélévations furent réalisées au XIXe siècle, puis la suppression de quelques arches au milieu du siècle permit la réalisation d'une arche marinière de grande portée afin d'améliorer la navigation, entraînant cependant la perte de la force hydraulique nécessaire au fonctionnement de plusieurs moulins. Des travaux complémentaires après 1870 ont donné au pont sa configuration définitive jusqu'au milieu du XXe siècle, et en 1912 les rails d'une ligne de chemin de fer furent posés sur son côté aval. À la fin des années 1930 l'ancien pont fut jugé inapte au trafic routier.
Durant la Seconde Guerre mondiale, des destructions volontaires et des bombardements ont gravement endommagé l'ouvrage : des arches furent détruites en juin 1940 pour retarder l'avance allemande, l'ouvrage fut réparé et utilisé par l'occupant, puis il subit d'importants bombardements alliés en 1944 et des combats lors de la Libération qui entraînèrent la disparition de larges portions du tablier. Après-guerre, l'État fit établir un pont provisoire en béton et bois et, temporairement, un pont Bailey permit la reprise de la circulation; un nouvel ouvrage définitif fut inauguré en 1952 et les démolitions et nettoyages des anciennes fondations s'achevèrent en 1953.
Des fouilles et des travaux anciens ont mis au jour des pièces et des objets dans les fondations, témoignant des multiples phases d'occupation et de construction. Aujourd'hui subsistent des vestiges : trois arches rénovées et quatre piles du côté de Poissy, ainsi que trois arches du côté de Carrières-sous-Poissy, ces dernières recouvertes et parfois réutilisées à des fins commerciales lors d'aménagements récents. Les rives et les îles environnantes ont été profondément transformées par l'urbanisation et des opérations d'aménagement, y compris des zones d'habitat et d'activités.
Le site a longtemps inspiré peintres et graveurs ; de nombreux artistes, parmi lesquels Monet, Pissarro, Meissonier et Marquet, ont représenté le pont, ses moulins et les bords de Seine dans des œuvres conservées en musées et collections.
À partir des années 2010, des études ont été menées pour installer une passerelle piétonne et cyclable s'appuyant sur les piles de l'ancien pont afin de mieux relier Poissy et Carrières-sous-Poissy et d'améliorer les liaisons douces. Un projet architectural retenu en 2017 proposait d'intégrer les vestiges et d'implanter une structure métallique suspendue, avec un montage financier associant l'État, la région, le département, la communauté urbaine et d'autres partenaires ; le coût et le calendrier ont été réévalués et le projet a reçu des aides publiques, avec une ouverture envisagée pour 2024 selon les calendriers communiqués.
Ces initiatives s'accompagnent de prescriptions de conservation des vestiges historiques et d'études archéologiques et patrimoniales destinées à concilier protection du patrimoine, usages contemporains et continuité des berges de Seine.