Origine et histoire du Pont sur le Rhône
Le pont de Rochemaure, situé sur la commune de Rochemaure en Ardèche, est un ouvrage suspendu inscrit au titre des monuments historiques depuis le 17 décembre 1985. Le premier pont suspendu, construit au début des années 1840, fut emporté par la crue du 30 mai 1856 ; un bac à traille assura alors la traversée en attendant un nouvel ouvrage. Le conseil municipal s'opposa à la reconstruction sur les mêmes bases, et un nouveau pont fut édifié en 1858 grâce à des fonds privés sous la direction de l'ingénieur Marc Seguin, qui y appliqua son système de câbles en fil de fer parallèles ; il fut inauguré en 1859. La concession initiale, attribuée par ordonnance royale du 25 février 1838 aux sieurs Lesdiguières, Arnal et autres pour 90 ans, était, en 1869, passée au nom d'Escharavil et des héritiers L. Privat. Le pont apparaît ensuite dans le procès-verbal de la conférence pour le rachat des ponts suspendus sur le Rhône en février 1883, puis il fut racheté par la commune en 1884 pour 500 francs-or, ce qui entraîna la suppression du péage. En 1933 l'éclairage, auparavant assuré par des lampes à pétrole, fut remplacé par des lampes électriques et un contrat d'abonnement fut conclu avec la société d'électricité de la vallée du Rhône. En 1937 un camion trop lourd traversa le tablier. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le tablier fut détruit en 1940 par l'armée française en retraite ; un avant-projet et un sondage de la pile centrale furent alors effectués et une passerelle provisoire de deux travées, pouvant supporter des véhicules de 5 tonnes, fut en voie d'achèvement en août 1941. Le passage fut relevé en 1942 et gardé par les Allemands occupant la zone libre à partir de 1943 ; un nouvel avant-projet fut établi en février 1943. En août 1944, bombardements alliés et destruction du tablier et de la pile centrale provoquèrent d'importants dégâts ; les travaux de restauration, pour lesquels des prisonniers de guerre furent employés, commencèrent à la fin de l'année. En avril 1945, un marché fut passé avec la société Fives-Lille pour les pièces métalliques et l'entreprise Sabatier pour le génie civil en vue de reconstruire un ouvrage suspendu provisoire, avec réemploi des matériaux ; il fallut également consolider la culée rive droite, notamment par injection de lait de ciment. Le pont fut reconstruit en 1946, la pile de la rive droite étant réparée et les autres piles bétonnées, mais sa charge fut limitée à 3,5 tonnes. En 1965 la circulation journalière moyenne atteignait 938 véhicules ; en 1967, un examen conclut que refaire entièrement le tablier ne serait pas rentable. En 1968 le passage d'un camion chargé de 35 tonnes fragilisa le pont au point de devoir restreindre l'accès aux piétons et aux deux-roues ; en 1969, face à l'usure et aux coûts d'entretien, la décision fut prise de reconstruire l'ouvrage en aval. En 1970 un crédit de 40 000 francs fut jugé suffisant pour solder l'exercice, puis, en 1973, le pont suspendu fut fermé à toute circulation en raison d'un risque de rupture ; un pont Bailey provisoire fut envisagé. Dans les années 1970, alors qu'un pont moderne était en cours de construction en aval, la question de la démolition de l'ancien ouvrage demeura posée, la démolition ayant été évaluée à 650 000 francs en mars 1972. En 1982 deux incendies endommagèrent le pont, lequel fut interdit à toute circulation. Après près de trente ans d'abandon, il a été rénové dans le cadre de la réalisation de la ViaRhôna et a rouvert aux véhicules non motorisés le 14 juillet 2013.