Origine et histoire
Le pont Charles-Albert, couramment appelé pont de la Caille, est un pont suspendu à câbles d'acier situé à cheval sur les communes d'Allonzier-la-Caille et de Cruseilles, en Haute-Savoie, région Auvergne-Rhône-Alpes. Conçu pour franchir la rivière des Usses, il a été inauguré le 11 juillet 1839 et est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 6 mai 1966. Le site, où se trouvent les vestiges d'un ancien Vieux Pont romain, domine la gorge et les bains de la Caille, connus des Romains ; la source jaillit toujours, bien que les bains soient aujourd'hui désaffectés. Les deux ouvrages qui enjambent la rivière surplombent la gorge d'environ 150 mètres.
Le pont Charles-Albert mesure 192 mètres de long et surplombe le torrent à 147 mètres. Il a été construit sous la direction des ingénieurs Émile Fulrand Belin et Paul-Léon Lehaître. La travée est suspendue par deux groupes de douze câbles reposant sur quatre tours crénelées, et son tablier est constitué de madriers de bois. Le pont a connu plusieurs événements marquants, dont un accident automobile en avril 1907 impliquant une voiture genevoise et un attelage de bœufs, qui fit un blessé grave, ainsi que le passage de la 11e étape du Tour de France le 19 juillet 1919. En 1929 il a été doublé par un second ouvrage en béton non armé ; depuis cette date, le pont suspendu est réservé aux piétons et aux cyclistes.
Le second ouvrage, couramment appelé pont Caquot ou pont Neuf, a été construit entre 1924 et 1928 sous la direction de l'ingénieur Albert Caquot. Son tablier est porté par une voûte en béton non armé, alors considérée comme l'une des plus grandes au monde, et il supporte la circulation automobile sur la départementale 1201. Le pont Caquot, initialement prévu pour une ligne ferroviaire entre Annecy et Saint-Julien-en-Genevois, a vu ce projet abandonné et a été ouvert à la circulation routière. En 2007, il accueillait environ 25 000 véhicules par jour.
D'importants travaux ont été réalisés sur le pont Caquot entre mars 2009 et août 2010 pour refaire le tablier puis procéder à la mise en peinture ; la circulation y a été interdite jusqu'au 15 décembre 2009 et des déviations ont été mises en place, avec des interventions ponctuelles en alternat lors des opérations de nettoyage et de peinture. Le département, devenu propriétaire du pont en 2006, a financé ces travaux pour un montant de 5 millions d'euros, auxquels se sont ajoutés 2,2 millions d'euros pour les aménagements liés aux déviations.
Le pont de la Caille jouit d'une importante notoriété régionale pour son caractère spectaculaire, tant architectural que paysager, et il est très fréquenté en toutes saisons, particulièrement en été. La construction récente de l'autoroute A41 a permis de mobiliser le fonds « 1 % paysage-développement » en vue de valoriser les territoires proches, avec des actions envisagées telles que la mise en lumière, la création d'espaces verts et d'itinéraires piétons et de randonnée, ainsi que l'ouverture d'activités commerciales comme un snack-bar et un magasin de produits locaux. Depuis décembre 2020, le Département et la communauté de communes du pays de Cruseilles étudient des solutions techniques pour sécuriser le pont de la Caille. En 2007, des travaux de rénovation de la maçonnerie des quatre tours du pont Charles-Albert ont été réalisés pour un montant de 236 000 euros, dont 8 % financés par le ministère de la Culture ; à cette occasion, 1 500 m² de structure ont été sablés, 316 m² de joints refaits à la chaux et 2 m³ de moellons et calcaires remplacés par du grès des Vosges et de la pierre de Hauteville.
