Origine et histoire
Le pont suspendu de la Rivière de l'Est, dit pont des Anglais, permet le franchissement de la Rivière de l'Est, fleuve de l'île de La Réunion faisant frontière communale entre Saint-Benoît et Sainte-Rose. D'une portée maximale de 152 mètres, il était le pont le plus long du monde lors de sa mise en service en 1894. La structure repose sur deux piles de maçonnerie ; son tablier de bois long de 150 mètres était porté par 103 kilomètres de câbles, 61 tonnes de tôle et 25 000 kilogrammes de fonte. Jusqu'en 1894, le franchissement de la rivière se faisait par des passerelles piétonnes et des radiers pour les véhicules, souvent submergés. En 1862, l'ingénieur Pierre-Joseph Bonnin fut chargé du pontage pour remplacer un ouvrage situé plus en aval, emporté quelques années après son inauguration, et choisit d'implanter le pont à l'endroit où le lit est le plus étroit. Les travaux, interrompus en 1867 en raison d'une crise économique, furent relancés en 1888 après qu'une délégation du conseil général eut failli se noyer en tentant de franchir un radier en crue. Deux projets furent présentés : Gustave Eiffel proposa un pont en arc d'acier avec tablier de bois ou en tôle, et Ferdinand Arnodin proposa un pont métallique suspendu à haubans utilisant les piles établies d'après Bonnin ; le projet d'Arnodin, moins coûteux, fut finalement retenu. La fabrication eut lieu en France métropolitaine à partir de 1892 et l'ouvrage fut livré à la circulation en 1894. Le pont a résisté aux cyclones tropicaux et au glissement de terrain de 1927 qui provoqua une importante crue. Il est resté en service pour la circulation générale jusqu'en 1979, date à laquelle un pont routier en béton parallèle, situé quelques mètres en amont, prit le relais pour le trafic des véhicules. Après 1979, le pont suspendu servit de promenade aux visiteurs se rendant vers le Grand Brûlé. Une vaste opération de réhabilitation visant à lui rendre son aspect d'origine eut lieu en 1991-1992. Inscrit aux monuments historiques le 14 mars 2014 puis classé le 7 mai 2018, l'ouvrage fit toutefois l'objet de signalements fréquents de dégradation au début des années 2010, la corrosion menaçant ses éléments métalliques. Des travaux de rénovation furent annoncés en 2015 et, selon un rapport d'expertise de fin 2017, leur coût était estimé à près de 10 millions d'euros ; la protection au titre des monuments historiques permettait de solliciter des subventions. En raison de sa vétusté, le pont fut fermé aux piétons le 29 janvier 2016. Rénové grâce au Loto du patrimoine, il a été rendu à la circulation piétonne en décembre 2023 après plusieurs années de travaux portant sur les piles, les câbles et le tablier.
