Origine et histoire du Pont Valentré
Le pont Valentré, appelé en occitan pont de Balandras et surnommé pont du Diable, est un pont fortifié du XIVe siècle qui enjambe le Lot à l'ouest de Cahors. Exemplaire de l'architecture militaire médiévale, il est caractérisé par ses six arches ogivales précédées de becs aigus et par ses trois tours carrées crénelées dotées de mâchicoulis. De forme en dos-d'âne, il mesure 138 mètres de longueur ; chaque grande arche s'ouvre sur 16,50 mètres et les tours dominent l'eau sur 40 mètres. Construit à l'origine pour défendre la ville et modifier l'axe commercial vers un tracé est-ouest, il était autrefois flanqué de deux barbacanes, dont seule celle du côté est a été conservée, et sa protection spirituelle était assurée par une chapelle dédiée à la Vierge dans le châtelet occidental. Les travaux, décidés par les consuls, ont débuté en 1308 et se sont achevés en 1378 ; la restauration conduite en 1879 a toutefois sensiblement modifié son aspect initial. Classé parmi les monuments historiques dès 1840, il figure depuis 1998 au patrimoine mondial de l'UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France et fait depuis 2012 partie du réseau des ponts remarquables du sud de la France. Le pont est aujourd'hui réservé à la circulation piétonne et se situe sur la Via Podiensis ainsi que sur le sentier de grande randonnée GR 36. L'origine du nom Valentré reste incertaine : il pourrait dériver de balandra, désignant soit une salamandre, soit une barque à fond plat utilisée avant la construction du pont. La popularité de la longue construction a engendré la légende du maître d'œuvre ayant conclu un pacte avec le Diable ; selon ce récit, Satan fut trompé par une demande absurde et, pour se venger, envoya chaque nuit un diablotin desceller la dernière pierre de la tour centrale, d'où la durée exceptionnelle du chantier. Lors de la restauration de 1879, l'architecte Paul Gout fit apposer dans l'emplacement vide une pierre sculptée à l'effigie d'un diablotin, œuvre du sculpteur Calmon. Le musée de Cahors Henri-Martin conserve de nombreuses représentations du pont — armoiries, dessins, gravures, peintures et photographies d'artistes variés — ainsi qu'une cage découverte au pied de l'ouvrage à la fin du XIXe siècle. Le pont a été reproduit sur plusieurs timbres, émis notamment en 1955 (réédité en 1957), en 2008 pour le 700e anniversaire du début de sa construction, et par la Poste andorrane en 1974. Il est également présent dans des collections miniatures et dans de nombreuses publications consacrées au patrimoine local. Le passage sur le pont est gratuit : le comptage fixe a enregistré 231 500 visiteurs en 2017 et 250 000 visiteurs en 2020.