Origine et histoire du Pont Van-Gogh
Le pont Van-Gogh, situé sur le canal de navigation d'Arles à Bouc dans la commune d'Arles, est connu mondialement grâce aux représentations que Vincent van Gogh en fit en 1888. À l'origine il s'agissait d'un pont basculant à double-levis, construit dans la première moitié du XIXe siècle et issu d'une série de onze ouvrages identiques établis le long du canal, inauguré en 1837. Ces ponts, réalisés par un ingénieur hollandais dans les années 1820-1830, rappelèrent à Van Gogh sa patrie et firent l'objet de plusieurs toiles, dessins et aquarelles. À l'époque le passage était appelé pont de Langlois, du nom de l'agent qui le gardait et en manoeuvrait la commande ; Van Gogh, l'ayant mal entendu, le nomma « pont de l'Anglais », d'où est née la variante « pont de l'Anglois » qui a perduré. Le pont original et la maison de l'éclusier furent détruits en 1926 et remplacés en 1930 par un pont en arc en béton armé de 45 mètres, dit pont de Réginelle. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la plupart des ponts du canal furent détruits par les troupes allemandes en 1944 ; seul celui de Fos-sur-Mer échappa à la démolition. L'ouvrage identique aux autres fut démonté en 1959 pour des travaux de voirie ; la ville d'Arles en fit l'acquisition et le fit réinstaller en 1962 quelques kilomètres en aval de l'emplacement primitif. C'est ce pont reconstitué qui porte aujourd'hui le nom de « pont Van-Gogh », bien qu'il ne soit pas celui peint par l'artiste. Les piles du pont ainsi que les façades et les toitures de la maison pontière ont été inscrites au titre des monuments historiques en 1986 ; le pont lui-même a été classé en 1988, à l'exception des piles relevant du domaine public fluvial. Le pont a fait l'objet d'une restauration complète en 1997 ; la maison éclusière a été détruite par un incendie en 2016. Van Gogh, arrivé à Arles le 20 février 1888, réalisa entre mars et mai 1888 une série consacrée au pont-levis : quatre huiles sur toile, deux dessins, une aquarelle et un croquis. Il évoque ses projets pour ce motif dans une lettre à Émile Bernard datée du 18 mars 1888, et en fait aussi mention dans une lettre à son frère Théo du 25 mars 1888, où il relate les difficultés posées par le mauvais temps et la destruction d'une première étude. La composition de ces œuvres met en avant une grande diagonale formée par le chemin de halage et des effets de couleur influencés par les estampes japonaises ; Van Gogh utilisait parfois une ficelle pour tracer ses lignes directrices et des analyses techniques ont révélé des traits de crayon sous la peinture. Plusieurs pièces de la série sont conservées dans des musées et collections, notamment le Musée Kröller-Müller, le Musée Van Gogh, le Musée Wallraf-Richartz, le Musée d'Art du comté de Los Angeles, la Graphische Sammlung de Stuttgart, la Morgan Library and Museum et des collections privées. Pour l'identification des œuvres, on se réfère aux catalogues raisonnés de De la Faille (F) et de Jan Hulsker (JH). Parmi les ouvrages cités pour approfondir le sujet figurent des publications de Cricco et Di Teodoro, de Martin Bailey et de Federica Armiraglio.