Origine et histoire du Pont Vieux
Le Pont-Vieux, pont sur l'Aude à Carcassonne, relie la Cité (Ville Haute) à la Ville Basse. Le plus ancien document le concernant date de 1184 : Roger Trencavel y autorise les habitants à construire un nouveau pont à condition qu'ils en assument le coût, et son testament de 1194 limite le droit de péage à deux mesures de froment par an. Ce pont primitif, construit en une dizaine d'années, était probablement en bois ; Jacques-Alphonse Mahul a signalé qu'il pourrait correspondre au « Pont du moulin du roi » situé sur l'ancien bras de l'Aude. La croisade contre les Albigeois semble avoir entraîné la destruction du pont et l'exil des habitants pendant sept années ; le roi fit alors démolir le bourg alentour, détourner l'Aude et assainir les marécages, tandis que Louis IX autorisait la création de la ville basse, rendant nécessaire un nouveau pont. Au début du XIVe siècle, les habitants reçurent l'autorisation royale de construire un pont de pierre financé par des droits de barragium et de pavagium ; une lettre de Philippe V datée du 6 septembre 1318 évoque des perceptions au profit de Limoux « dans les mêmes conditions » que cela avait été fait pour Carcassonne, et les travaux sur le pont de Carcassonne sont mentionnés en 1315, peut‑être achevés vers 1320, un acte de 1353 montrant qu'il était alors terminé. Le pont était à l'origine divisé en deux parties par un arc en pierre marquant la frontière entre la Ville Basse et la Ville Haute, et il a probablement été réparé au XIVe siècle. Il a connu plusieurs réparations par la suite : en 1456 deux arches s'effondrèrent, puis une restauration importante eut lieu en 1820 qui modifia quelque peu son aspect. Le Pont-Vieux a été classé au titre des monuments historiques en 1926. Installé immédiatement en aval de l'Île, il forme avec le Pont-Neuf et le pont de l'Avenir un alignement de trois ponts ; le Pont-Vieux, le plus proche de la Cité médiévale, constituait au Moyen Âge l'unique accès à la Cité depuis la Ville Basse et est aujourd'hui réservé aux piétons. Il se compose de douze arches en plein cintre d'inégale portée, appuyées sur des piles munies d'avant- et d'arrière-becs à éperons aigus, sur lesquels sont aménagés des refuges ; sa longueur est de 225 mètres. Sur la troisième pile côté Ville Basse se dressait un mur percé d'une porte en plein cintre séparant les deux parties de la ville ; ce mur, couvert d'un double chaperon horizontal, était surmonté d'une croix qui, lors de la démolition de la porte, a remplacé la croix primitive sans doute abattue pendant les guerres de Religion sur le fût dressé dans le troisième arrière-bec. La partie du mur au‑dessus de l'arc de la porte comportait un autre arc dans le vide duquel se trouvaient trois statues. Les fleurs de lys visibles sur les arches métalliques supportant l'éclairage ont été installées sous la mandature du maire Charles de Fournas-Moussoulens.