Origine et histoire
La Porte d'Aix est un arc de triomphe situé sur la place Jules-Guesde à Marseille, à l'emplacement d'une ancienne porte des remparts ouvrant sur le chemin d'Aix-en-Provence. La place, qui s'étend sur les 1er, 2e et 3e arrondissements, est couramment appelée porte d'Aix; elle est desservie par les stations de métro Jules Guesde et Colbert – Hôtel de Région. L'arc de triomphe est classé au titre des monuments historiques depuis le 2 septembre 1982. La place porte le nom de Jules Guesde, homme politique socialiste (1845-1922).
L'idée d'ériger un arc remonte à 1784, lorsque la revente des terrains de l'arsenal des galères procura à la ville un bénéfice destiné à un monument en l'honneur de Louis XVI et de la paix mettant fin à la guerre d'indépendance des États-Unis; l'emplacement fut choisi par délibération du conseil municipal le 30 juin 1784, mais le projet fut retardé puis abandonné pendant la Révolution. Il fut relancé en 1823 à l'initiative du marquis de Montgrand pour commémorer la campagne du duc d'Angoulême en Espagne, et approuvé par le ministère de l'Intérieur le 30 août 1824; la première pierre fut posée le 4 novembre 1825 par le marquis de Montgrand en présence de l'architecte Michel-Robert Penchaud et des représentants du préfet. Une plaque de fondation rappelle que l'initiative fut votée par la ville en 1823 et mentionne l'ordonnance royale du 30 décembre 1823 autorisant l'édification du monument.
L'aménagement de la place entraîna la démolition d'un aqueduc qui la traversait, dont une arche subsiste près de l'hôtel de la Région Provence‑Alpes‑Côte d'Azur, et le déblais furent évacués par Gaëtan Cantini, père du marbrier Jules Cantini. Penchaud s'inspira de l'arc antique de Titus à Rome pour son projet. Commencé sous Charles X, l'arc fut achevé sous Louis‑Philippe par l'architecte en chef Charles Frédéric Chassériau; en raison des changements de régime la dédicace initiale à la campagne du duc d'Angoulême fut modifiée, et les sculpteurs David d'Angers et Jules Ramey retouchèrent les sujets pour en faire des allégories et des scènes patriotiques. L'édifice fut inauguré le 1er mai 1837 lors d'une cérémonie comprenant une messe, un feu d'artifice et des illuminations; les dépenses de construction entre 1825 et 1839 s'élevèrent à 700 000 francs.
La place fut profondément transformée en 1971 par l'arrivée de l'autoroute A7, qui a pénétré le centre historique et contribué à faire de la place un terrain vague; en 2011 son accès fut restreint en raison d'une présence policière constante et de travaux visant à détourner l'autoroute.
La décoration architecturale associe l'ornementation de Marneuf, inspirée de l'arc antique d'Orange, aux œuvres historiques de David d'Angers et d'Étienne Jules Ramey; les régimes successifs ont entraîné de multiples changements de dédicace du fronton. David d'Angers, qui décore la façade nord et l'arcade du pilier est, a choisi de représenter les victoires de Fleurus et d'Héliopolis : sur le pilier ouest de la façade nord il figure la rencontre liée à Fleurus avec Jourdan et la Victoire tenant un trophée marquant « Fleurus », et sur le pilier est il représente Kléber recevant la soumission à Héliopolis, accompagné d'une Victoire et d'un trophée d'armes orientales inscrivant « Héliopolis ». Sous l'arcade, son grand bas-relief montre "La patrie appelant ses enfants à la défense de la liberté", une scène foisonnante où la Patrie arme des volontaires et où l'Histoire inscrit des noms comme Pythéas, Euthymènes et Puget; le tympan nord comporte deux Renommées aux ailes déployées prêtes à sonner la trompe.
Sur l'attique nord, quatre statues réalisées par David d'Angers représentent les vertus du côté nord : le dévouement, la prudence, la résignation et la force, figurées respectivement par un personnage au cœur mis en avant et un pélican, la prudence éprouvant le fil de son épée, la résignation avec un glaive brisé, et la force caressant la crinière du lion qu'elle a vaincu. Les statues, taillées dans une pierre friable, furent réparées en ciment armé en 1921; malgré ces réparations, des éléments se sont détachés, notamment six têtes en 1937.
Ramey, chargé de la façade sud et de l'arcade du pilier ouest, représente Marengo par la scène de la mort de Desaix soutenu par un soldat et entouré d'un trophée, et Austerlitz par Napoléon encourageant ses troupes, chacun accompagné d'un trophée portant l'inscription de la bataille correspondante; sous l'arcade du pilier ouest, son grand bas-relief intitulé « Le retour dans le foyer » montre les braves recevant de la Patrie la récompense de leurs exploits, avec des modèles pris parmi ses proches. Le tympan sud livre des Renommées plus vêtues, coiffées d'un petit chapeau pointu, et les statues aujourd'hui disparues représentaient la vigilance, la clémence, l'énergie et la modération.
Une expression marseillaise populaire se réfère à la porte d'Aix : « avoir un tafanari (un cul) gros comme la porte d'Aix », signifiant avoir un gros derrière.