Origine et histoire
L'abbaye Saint-André-le-Haut de Vienne, parfois appelée le Couvent des Dames Nobles, est une ancienne abbaye féminine fondée au VIe siècle. Les éléments conservés aujourd'hui comprennent l'église abbatiale des XIe–XIVe siècles et les bâtiments conventuels au nord, organisés autour d'un cloître et d'une cour d'honneur principalement datés du XVIIe siècle. La porte de la cour d'honneur est classée aux Monuments historiques en 1924, et le reste de l'abbaye a fait l'objet d'une inscription en 1998. L'église appelée aujourd'hui Saint-André-le-Haut n'appartient pas au même ensemble : il s'agit de l'ancienne chapelle Saint-Louis du collège jésuite, qui a pris ce nom après la fermeture du couvent et le transfert des fonctions paroissiales.
Une charte de fondation datée de 543, attribuée à Ansemond et Ansleubana, est mentionnée dans les sources, mais son original est perdu et certains chercheurs, notamment Beate Schilling, la considèrent comme un faux lié à l'évêque Adon ou à son entourage. Les premières sources fiables ne remontent qu'au IXe siècle, même si des vestiges d'un chevet de petite chapelle des VIe–VIIe siècles ont été découverts par les archéologues. Le couvent s'implante sur le coteau de la colline de Pipet, à proximité du théâtre antique, sur le tracé d'anciens aqueducs romains.
En 1031, des moniales de l'abbaye Saint-Césaire d'Arles sont appelées pour réformer le monastère ; elles introduisent la règle de ce monastère et une église abbatiale à nef unique est construite sur l'emprise de la première chapelle, avec un chœur surélevé au-dessus d'une crypte où des reliques ont probablement été conservées. Vers 1200, l'église est agrandie vers l'ouest et partiellement couverte de voûtes d'ogives ; cet état est en partie conservé dans l'édifice actuel, et le cloître sert alors de cimetière. Aux XIVe siècle, la crypte est détruite et remblayée, l'abside remplacée par un chevet plat percé d'un triplet de baies, des travées sont voûtées, un clocher est élevé et un chœur séparé pour les religieuses est aménagé ; le cloître continue d'accueillir des sépultures jusqu'au XVIe siècle.
En 1562, pendant les guerres de Religion, les moniales sont expulsées et l'abbaye est dégradée ; le clocher détruit n'est pas reconstruit. Le cloître est entièrement reconstruit sous les abbesses Clémence de Villars et la marquise de Villars, et l'église abbatiale, devenue paroissiale après la destruction de l'église de la ville, est aménagée pour séparer la partie destinée aux laïcs de celle réservée aux moniales. À partir du XVIe siècle, le cimetière n'est plus situé dans le cloître mais dans la nef, et la porte monumentale de la cour d'honneur date de 1665.
Vendus comme biens nationaux à la Révolution, les bâtiments sont morcelés en plusieurs lots puis transformés en habitations ; l'église est compartimentée par des planchers intermédiaires et de nouvelles constructions s'implantent sur la cour de l'ambulance et le cloître. À l'est, les vignes et jardins conventuels sont aménagés par la municipalité en cimetière, encore en activité au début du XXIe siècle. En 1824, quelques moniales réunies autour de Suzanne du Peloux reconstituent une communauté à La Rochette de Caluire, qui se déplacera en 1970 à Belmont-Tramonet en Savoie.
Sur le plan patrimonial et scientifique, la ville de Vienne acquiert l'ensemble foncier en 1998 (à l'exception des parcelles de la cour d'honneur) avec le projet d'y transférer sa médiathèque, projet abandonné en 2001 et réalisé finalement en 2012 dans l'ancienne caserne Saint-Germain. Le cloître et les bâtiments conventuels sont vendus en 2021 à un promoteur en vue d'aménagements en logements privés, et des travaux commencent en 2023.
Les recherches sur le site sont anciennes et continues : Claude Charvet publie en 1769 le premier ouvrage consacré à l'abbaye, Pierre Schneyder la décrit lors de la vente révolutionnaire, et des fouilles sont menées en 1998 par Benoit Helly. Monique Zannettacci étudie les bâtiments en 1999–2000, et à partir de 2003 le site sert de chantier-école pour l'Université Lyon 2 sous la codirection d'Isabelle Parron, puis d'Anne Baud, Monique Zannettacci et, depuis 2011, Anne Flammin. Les fouilles ont porté principalement sur le chœur et la nef, le cloître a été fouillé entre 2014 et 2017, Nathanaël Nimmegeers a repris l'étude des premiers siècles, et des visites, conférences et une exposition ont été organisées en 2017. Des diagnostics archéologiques et d'archéologie du bâti ont été réalisés en 2018 par Tommy Vicard (INRAP) et, depuis 2023, des opérations préventives sont menées par Quentin Rochet.