Origine et histoire des Presbytères français et polonais
L'église Notre‑Dame‑des‑Mineurs se situe à Waziers, dans le quartier de la Clochette, et marque le cœur de la Cité de la Clochette. Cette cité ouvrière, troisième du réseau de la Compagnie des Mines d'Aniche, fut édifiée entre 1925 et 1927 pour loger les nombreux ouvriers immigrés, notamment polonais, après la guerre. La plupart des logements ont été construits par la Compagnie selon un plan inspiré du modèle de la cité‑jardin, avec un grand axe séparant Douai et Waziers. Divers matériaux (brique rouge et ocre, tuile, pierre blanche) ont été employés pour rompre la monotonie. Les équipements collectifs, écoles et patronage, sont regroupés autour de l'église entre les cités Notre‑Dame et la Clochette. L'ensemble des équipements de la cité forme un groupement exceptionnel par la diversité des typologies, des décors et la mise en œuvre des matériaux. Les bâtiments catholiques, patronage et presbytères, se distinguent par leur originalité : le patronage présente une façade anthropomorphe et les presbytères mêlent tradition classique (serlienne), pittoresque néo‑régionaliste (tourelle, faux colombages) et éléments de l'architecture civile Art déco (bow‑window, anthropomorphisme des façades). Conçue pour les mineurs polonais, l'église occupe le centre de la commune et se veut un grand lieu de culte. Louis Marie Cordonnier et son fils Louis‑Stanislas en sont les architectes et adoptent une typologie innovante : un immense vaisseau unique très éclairé. Les travaux ont commencé en 1923 et l'édifice a été béni en avril 1927. L'intérieur évoque les galeries d'une mine ; l'édifice mesure soixante mètres de long sur vingt mètres de large et peut accueillir mille cinq cents fidèles. Le volume lumineux est porté par de grands arcs en béton ; le clocher est tronqué et crénelé, avec une petite flèche très effilée au‑dessus d'une partie inférieure plus traditionnelle. L'apparence générale est sobre et massive, avec des décors de brique à l'intérieur comme à l'extérieur, et l'ensemble du mobilier est conservé. Le mobilier comprend des autels en pierre blanche incrustés de mosaïques polychromes, une chaire ornée d'éléments évoquant l'artisanat polonais, des mosaïques sur les fonts baptismaux, les candélabres et les crucifix, ainsi que des vitraux d'une grande simplicité ; le mobilier de la sacristie a également été dessiné par Cordonnier. L'église a été classée aux monuments historiques par arrêté du 8 mars 2010 et inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis le 30 juin 2012. Sous l'influence du prêtre polonais François Wojtyla, petit‑cousin de Jean‑Paul II, l'archidiocèse de Cambrai a confié en 2001 la gestion à l'association de sauvegarde de l'église Notre‑Dame‑des‑Mineurs de Waziers ; l'édifice y a retrouvé une vie et a été rénové ; il appartient aujourd'hui à une association diocésaine. Devant le maître‑autel sont présentés un crucifix béni en 1946 par Mgr Angelo Roncalli, futur Jean‑XXIII, et une calotte reçue du pape et remise à la paroisse par Sœur Henriette D., franciscaine, qui l'offrit ensuite à son petit‑cousin devenu prêtre dans la paroisse. Une relique de Jean‑Paul II est arrivée discrètement quelques jours avant le 4 mai 2014 : il s'agit d'un fragment imprégné du sang de la soutane portée par le pape lors de la tentative d'assassinat perpétrée par Mehmet Ali Ağca ; ce tissu est conservé dans une capsule placée dans un ostensoir derrière l'autel, sous le vitrail principal, dans un dais sculpté. La relique avait été demandée plus d'un an auparavant en vue de la canonisation et la communauté apprit qu'elle serait le premier lieu de culte à recevoir un tel dépôt juste après la canonisation ; une présentation de la relique a lieu le 2 de chaque mois à 15 heures. Le nombre trois est très présent dans l'architecture : trois marches mènent aux trois portes de la façade, surmontées de trois vitraux élancés, les pignons latéraux montrent des groupes de trois pointes et de trois vitraux, et les quatre faces du clocher présentent trois colonnades d'abat‑son ; cette récurrence renvoie à la Trinité et fait écho au positionnement de l'église au centre des trois cités Notre‑Dame, la Clochette et Berce‑Gayant. L'histoire du culte à Waziers est ancienne : avant 1123 l'abbaye de Marchiennes détenait une dîme et un terrage dans le village, qu'elle céda ensuite au chapitre de Saint‑Pierre de Douai, lequel conserva l'autel de Sainte‑Rictrude jusqu'à la Révolution ; en 1229 Hellin de Wavrin établit des offices à célébrer dans sa chapelle castrale ou dans la chapelle de la ville, probablement Notre‑Dame.