Origine et histoire du Pressoir des ducs de Bourgogne
Les Pressoirs des ducs de Bourgogne, ensembles de pressoirs à contrepoids mobile en pierre, se situent au cœur du vieux bourg de Chenôve et constituent un témoignage exceptionnel de l’activité viticole ancienne en Bourgogne. La présence de vignes à Chenôve est attestée dès le Ier siècle après J.-C., et la première mention d’un domaine viticole ducal remonte à 1228, tandis que la première occurrence des pressoirs dans les archives date de 1238. Autour de la grande salle des pressoirs, longue de 35 mètres et dotée d’une charpente dont la couverture en pierres de lave subsista jusqu’en 1956, les ducs exploitaient un domaine de 150 journaux, soit environ 50 hectares de vignes. Les pressoirs ont été entièrement reconstruits entre 1404 et 1407 et figurent, avec ceux du château du Clos de Vougeot, parmi les plus anciens et les plus imposants treuils de Bourgogne. Ils furent inscrits au patrimoine royal en 1477 et restèrent propriété des rois de France jusqu’en 1567. Vendus comme biens nationaux le 12 février 1791 à Jean Poinsard fils, ils ont ensuite été exploités par des particuliers et des négociants jusqu’aux années 1920. Inscrits à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques depuis 1934 et référencés par la Fondation Claude-Nicolas Ledoux depuis 1989, ils font partie intégrante du périmètre des Climats du vignoble de Bourgogne, classés au patrimoine mondial de l’UNESCO le 4 juillet 2015.
Le mécanisme des pressoirs fonctionne comme un grand casse-noix : un levier de neuf mètres pour l’un et de onze mètres pour l’autre écrase les raisins disposés sur un plateau de 16 m2, étayés par des claies et surmontés de poutres en bois. Le plateau, légèrement incliné, laisse s’écouler le jus par une goulotte tandis qu’une vis à cabestan actionne le levier. Des contrepoids mobiles de quatre et huit tonnes, montés sur l’axe de la vis, amplifient la pression ; ces masses, surnommées « Margot », évoquent Marguerite de Bourgogne (1290–1315). À pleine capacité, les pressoirs pouvaient presser jusqu’à cent pièces de vendanges par jour, soit environ 23 000 litres de vin ; le plus petit permettait de presser quarante pièces, produisant environ 9 000 litres de jus.
Ouverts au public pendant la saison estivale entre 1987 et 2019, les pressoirs ont bénéficié d’un bail emphytéotique signé en 1987 par le maire Roland Carraz, qui a permis leur restauration partielle et leur présentation au public. Les visites libres ou guidées, gratuites et proposées en français, anglais et allemand, offraient un espace de médiation à l’entrée de la halle avec projection d’un documentaire de Jean‑Marc Bordet, vente de cartes postales et exposition d’anciens outils viticoles, ainsi que la vente du vin du propriétaire. Chaque année se tenait la « Fête de la Pressée » le troisième week-end de septembre, durant laquelle la machine était remise en marche et l’on pouvait suivre l’arrivée du raisin jusqu’à l’écoulement du jus vers les caves situées en dessous, lesquelles n’étaient pas accessibles au public. Depuis 2019, le monument est fermé au public par le propriétaire ; face à cette fermeture, une pétition a été lancée en faveur d’un classement plénier au titre des Monuments historiques et La Gazette du Patrimoine a relayé les inquiétudes des habitants quant à l’état du site.