Prieuré à Ganagobie dans les Alpes-de-Haute-Provence

Prieuré

  • 04310 Ganagobie
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Crédit photo : Jochen Jahnke - Sous licence Creative Commons
Propriété d'une association

Période

XIIe siècle, XVIIIe siècle

Patrimoine classé

Porte de l'église (cad. A 20 à 24) : classement par arrêté du 12 juillet 1886 ; Restes du cloître roman (cad. A 20 à 24) : classement par arrêté du 14 mars 1925 ; Nef ; choeur ; restes de l'abside et des absidioles ; mosaïques de l'église ; ruines des bâtiments bordant le cloître à l'Est, au Sud et à l'Ouest ; réfectoire ; cellier ; porte du 18s (cad. A 20 à 24) : classement par arrêté du 1er septembre 1946 ; Ensemble des bâtiments du prieuré ainsi que tous les vestiges conservés sur le plateau de Ganagobie (cad. A 20 à 24 ; B 161 à 170) : classement par arrêté du 1er septembre 1988

Origine et histoire

Le prieuré Notre‑Dame de Ganagobie est une abbaye bénédictine située sur un étroit plateau à environ 15 km au nord‑est de Forcalquier et 30 km au sud de Sisteron, dans les Alpes‑de‑Haute‑Provence. Perché 350 mètres au‑dessus de la Durance et bordé d'abrupts, le site domine la voie Domitienne et comprend au pied de la colline un pont romain enjambant le Buès encore en usage. Le nom « Ganagobie » fait l'objet d'hypothèses : il renverrait soit à une racine oronymique liée à la hauteur du site, soit à une tour en mauvais état. Un établissement monastique existe dès les VIIe‑VIIIe siècles ; il est refondé vers 960‑965 par l'évêque de Sisteron, puis rattaché à l'ordre de Cluny. La possession est confirmée par une bulle papale et le prieuré reçoit de nombreuses donations, notamment des comtes de Forcalquier, qui assurent sa prospérité jusqu'à la fin du XIVe siècle. Affaibli au XVe siècle, le prieuré connaît un renouveau au XVIe siècle avant d'être complètement saccagé lors des guerres de Religion ; la voûte de l'église et le logis prioral sont abattus pour empêcher un nouvel usage par les huguenots. Au XVIIe siècle une seconde renaissance est impulsée par les prieurs Pierre et Jacques de Gaffarel, puis le monastère entre dans une lente décadence jusqu'à sa sécularisation, sa vente comme bien national et des destructions partielles à la Révolution. Au XIXe siècle le site est acquis par les bénédictins de Sainte‑Marie‑Madeleine de Marseille qui entreprennent des travaux de déblaiement et de restauration, puis sont contraints à l'exil en 1901 ; les mosaïques médiévales sont découvertes en 1898. Un moine et un frère convers assurent une présence permanente à partir de 1922, puis les travaux s'intensifient après l'ouverture d'une route goudronnée en 1953. Des fouilles et des reconstructions sont menées entre les années 1960 et 1992 ; les absides et le chevet sont relevés et les mosaïques du chœur, restaurées en atelier, sont replacées en 1986. En 1987 la communauté bénédictine Sainte‑Madeleine de Marseille s'installe définitivement et le prieuré retrouve le statut d'abbaye, accueillant depuis une communauté d'une dizaine de moines appartenant à la congrégation de Solesmes. La communauté a reconstruit et adapté certains bâtiments selon un projet respectant les fondations anciennes mises au jour par les fouilles, conciliant vie contemplative et accueil du public. Les moines fabriquent une gamme de cosmétiques et de baumes à base d'huiles essentielles, dont le « baume du pèlerin ».

L'église romane, élevée dans la première moitié du XIIe siècle au‑dessus de deux bâtiments plus anciens, suit les canons de l'architecture romane provençale : une nef de 17,7 m en trois travées voûtées en berceau brisé. La tour située dans l'angle nord est antérieure à l'église et remonte probablement au XIe siècle, tandis que quelques fragments de fresques de la fin du XIIe siècle sont conservés et classés. La façade et son portail se distinguent dans le contexte roman provençal par leur unité et l'absence de contreforts d'angle ; le tympan en bas‑relief représente le Christ en majesté dans une mandorle, entouré du Tétramorphe, et les apôtres figurent sur le linteau. L'influence bourguignonne se retrouve dans la composition, et le tympan, peut‑être remployé, a fait l'objet de restaurations importantes au XVIe siècle. Les archivoltes, les lobes originaux et les piédroits présentent des traits uniques, certains ajouts postérieurs ayant altéré la lecture médiévale des sculptures.

Les mosaïques des absides, exécutées vers 1124‑1125 et exceptionnelles en France, couvrent actuellement 72 m2 (elles étaient initialement plus étendues) et témoignent d'une tradition carolingienne à inspiration orientale. Elles ont été commandées par le prieur Bertrand et représentent une faune et une flore fantastiques — lions, griffons, centaures, créatures hybrides — organisées autour de motifs évoquant les tapis d'Orient. Les matériaux utilisés combinent tesselles régionales et marbres de récupération, et l'inscription autour de l'abside donne le nom du chef d'équipe qui réalisa le pavement. Après des siècles d'enfouissement qui ont protégé puis dégradé le tapis de mosaïque, une campagne de restauration complexe a été menée : relevés, analyses, dépose en panneaux soutenus par caissons, nettoyage, consolidation et restitution des lacunes par tesselles identiques ou différenciées selon les cas. La repose a nécessité la substitution des couches de mortier d'origine par un support composite et la fixation d'une structure en « nids‑d'abeilles » pour limiter les remontées d'humidité, permettant aussi des déplacements futurs. Ce travail, conduit par la société SOCRA, a duré plus d'une année répartie sur six ans et a permis de rendre le chœur au culte.

Les vitraux actuels, installés depuis 2006, sont non figuratifs et issus d'un projet du père Kim En Joong ; des fragments découverts lors des fouilles confirment l'existence autrefois de verrières très colorées. Le cloître roman, construit entre 1175 et 1220, est un petit chef‑d'œuvre de simplicité ; il ouvre par des arcs et des baies géminées, ses chapiteaux portent bâtons brisés, feuilles stylisées, masques et figures animales, et l'un d'eux montre un personnage debout qui pourrait être un abbé ou un saint. Parmi le mobilier, une lampe en verre du XVe siècle est classée. La bibliothèque, creusée dans la roche sur plusieurs niveaux, contient environ 100 000 ouvrages dont un fonds ancien de huit mille livres du XIIe au XVIIIe siècle, et elle est aménagée pour assurer la stabilité de température et d'humidité nécessaire à leur conservation. L'église est ouverte au public : elle donne accès aux mosaïques, aux vitraux et au cloître, et le plateau offre d'autres intérêts comme des carrières de meules, des sarcophages et une vaste vue sur la vallée de la Durance. Des séjours de retraite à l'hôtellerie permettent de partager la vie liturgique des moines, et l'accueil comprend un accompagnement spirituel ; en dehors des retraitants, l'accès aux bâtiments conventuels reste limité.

Liens externes