Origine et histoire du Prieuré
L'ancien prieuré bénédictin d'Anzy-le-Duc, situé en Saône-et-Loire, conserve un portail roman du XIIe siècle et des bâtiments datés de la fin du XVIe et du début du XVIIe siècle ; il est classé au titre des monuments historiques en 1922 et 1992. Sa fondation remonte à l'époque carolingienne : en 876, Lethbald, seigneur d'Anzy-le-Duc, et son épouse Altasie donnèrent une de leurs villas à l'abbaye Saint‑Martin d'Autun pour y établir un prieuré, et des moines de cette abbaye y vinrent s'installer. Le comte Baidilus fit ensuite appel à l'abbaye de Saint‑Savin‑sur‑Gartempe pour réformer Saint‑Martin d'Autun ; dix‑huit moines, parmi lesquels Arnuphe, Hugues d'Anzy et un autre Hugues de Poitiers, participèrent à ces réformes et contribuèrent, avec Bernon, à la fondation de l'abbaye de Gigny en 880. Hugues d'Anzy fit ériger un hôpital pour les pauvres et fut l'un des premiers prieurs ; il mourut vers 930 et son tombeau attira de nombreux pèlerins. Sous l'abbatiat d'Odilon de Cluny, on entreprit l'agrandissement de l'église à partir de 1001, en commençant par le chœur et le transept, les travaux se poursuivant jusqu'en 1050 avec une interruption liée à la famine de 1030‑1033. Le prieuré fut attaqué par les troupes du Prince Noir en 1368. En 1576, des protestants mutilèrent les sculptures des portails occidentaux et profanèrent le tombeau de saint Hugues ; en 1594, des Ligueurs incendiarent le prieuré. Le 21 mai 1652, un orage provoqua l'incendie du clocher et la fonte de trois cloches. Des accords et chartes des XVe et XVIe siècles témoignent de la tutelle conjointe de l'abbaye Saint‑Martin et de l'évêché d'Autun sur le prieuré, et l'exécution d'une bulle pontificale est mentionnée en 1463. À la Révolution, en 1791, les religieux furent expulsés, leurs biens confisqués et vendus ; le 11 avril, M. de Champagny acheta le prieuré et ses dépendances, puis la propriété passa à M. Thomas par acte du 20 janvier 1835 ; l'église ne fut pas comprise dans cette vente et resta bien national. Le site conserve des éléments architecturaux signalés depuis le XIXe siècle, notamment le portail et le tympan sud, des détails du mur d'enceinte, une cave et divers ornements illustrés par un dessin d'Émile Sagot en 1835. La liste des prieurs comporte des figures anciennes et modernes, parmi lesquelles Hugues (d. 928), Humbert (949), Guy (1336), Guillaume Porteret (1427), le cardinal Rollin (1451) et plusieurs titulaires aux XVIe et XVIIe siècles, jusqu'à Roch‑Étienne de Vichy, dernier titulaire du prieuré, mort en 1829. Roch‑Étienne de Vichy institua en 1824 une rente destinée à financer des messes annuelles pour les desservants d'Anzy. Après le XIXe siècle, le prieuré resta la propriété d'un particulier. Des études et notices anciennes inscrivent le prieuré d'Anzy dans les corpus consacrés à l'architecture chrétienne, au monachisme et aux monuments historiques de Saône‑et‑Loire.