Origine et histoire du Prieuré de Cayac
L'ancien hôpital-prieuré Notre-Dame de Cayac, situé à Gradignan en Gironde, était la première halte pour les pèlerins quittant Bordeaux sur la voie de Tours du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle ; il subsiste notamment la façade de l'église, beau spécimen d'architecture du XIIIe siècle. L'ensemble, construit sur une ancienne voie romaine, comprenait à l'origine une église, un hôpital voisin et un cimetière pour les malades, tandis que de l'autre côté de la voie se trouvaient le logement des frères hospitaliers et des dépendances telles que chai, cuvier, écurie, poulailler, grange et moulin à farine. Une voûte reliait probablement les deux parties pour faciliter l'accueil des pèlerins et permettre aux hospitalisés d'assister aux offices. L'église a été édifiée en deux étapes : les parties basses datent de 1210–1230 et l'élévation a été réalisée entre 1310 et 1320 ; longue de 20 m, elle comprend une nef et deux collatéraux et pouvait accueillir environ deux cents personnes. L'hôpital, construit en 1229, est « transformé » en prieuré en 1304, qui, grâce à de nombreux dons, devient au fil du temps une importante propriété foncière. En 1618, le prieuré passe aux Chartreux de la chartreuse de Bordeaux, qui au XVIIe siècle élèvent le château à tourelles actuel sur l'emplacement de l'hôpital primitif et ajoutent un second hôpital plus petit, accolé au côté sud de l'église. Le pèlerinage se raréfie ensuite et le prieuré entre en déclin, le service religieux cessant au début du XVIIIe siècle. L'abbé Baurein décrit encore des vestiges dans les Variétés bordeloises en 1785. Vendus comme biens nationaux en 1791, le prieuré et l'église changent plusieurs fois de propriétaires et l'église est désaffectée. De 1823 à 1860, les Verreries de Lespinasse Jeune occupent l'édifice, causant d'importants dommages. En 1839, la commission des monuments historiques de la Gironde réalise un relevé par un dessinateur et un architecte. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'armée italienne s'en sert occasionnellement pour réparer ses véhicules. De 1975 à 1981, l'église abrite le local des Témoins de Jéhovah. La municipalité de Gradignan acquiert l'église en 1979 puis le prieuré en 1988, empêchant leur dégradation, et des travaux de restauration suivent des fouilles archéologiques menées en 1982–1983 et la déviation de la route nationale 10 en 1981. Les façades latérales du prieuré ont été rénovées en 2013. Les restes du prieuré ont fait l'objet d'inscriptions aux monuments historiques en 1937 et 1987, remplacées par un arrêté d'inscription du 24 février 2022. À l'extérieur, une statue en bronze d'un pèlerin, œuvre de Danielle Bigata, a été installée en 1997 et l'ancienne orangerie accueille depuis 2005 un musée des Beaux-Arts à vocation pédagogique. Aujourd'hui, le prieuré retrouve sa fonction d'accueil des pèlerins : il dispose d'une structure avec salle de restauration, cuisine et dortoir et a accueilli 455 personnes en 2011. L'ancienne église sert à des expositions temporaires et abrite un musée consacré au peintre bordelais Georges de Sonneville, tandis que les rives de l'Eau Bourde offrent des promenades aux visiteurs. Les façades ouest et est de l'ancienne église ainsi que la vue depuis l'écluse de l'Eau Bourde font partie des aspects visibles du site.