Origine et histoire du Prieuré
Le prieuré Saint-Pierre et Saint-Paul de Domène est un ancien prieuré bénédictin situé à Domène, dans l'Isère, fondé au cours de la première moitié du XIe siècle et placé sous le vocable des saints Pierre et Paul. Selon un acte daté aux environs de 1027, Aynard (ou Ainard), seigneur de Domène, et son épouse Fecema donnent l'église Saint-Georges de Domène à l'abbaye bourguignonne de Cluny ; cet établissement est implanté à proximité du château seigneurial, sur la rive droite de la vallée de l'Isère et près d'un axe de communication important. La même année, Aynard et son épouse, avec Rodolphe (futur évêque de Gap), Gention, Vuigon et Aténulfe, donnent également une serve nommée Beameïa. La donation, datée par le cartulaire de Domène à la 25e année du règne de Rodolphe III de Bourgogne (période correspondant à octobre 1027–octobre 1028), comprend notamment des dépendances, une vigne avec jardin, une condamine entre l'Isère et le Doménon, un pré et, à Sainte-Hélène, la moitié d'un pêcheur. Le prieuré est placé sous le patronage des domini de Domène, dont l'un des membres devient prieur. Le médiéviste Laurent Ripart interprète cette fondation comme la conséquence de l'affirmation des nouvelles familles seigneuriales au début du XIe siècle. L'église prieurale est consacrée en octobre 1058 par l'archevêque de Vienne, Léger, assisté des archevêques Ebbon de Tarentaise et Viminien d'Embrun, ainsi que d'Artaud, évêque de Grenoble ; cet acte de consécration, daté entre 1057 et 1058 selon le cartulaire, est considéré par Ripart comme une « charte de fondation ». Vers 1030, Aynard poursuit ses donations au prieuré afin d'encourager d'autres dons, et, avec l'accord de sa femme et de ses fils Ponce, Ainard, Rodulfe et Pierre, il concède un manse à Monteymont, lieu correspondant à la commune actuelle de Saint-Mury-Monteymond. En 1247, Pierre et Guigues Ainard échangent leurs biens sur la rive gauche de l'Isère contre la terre de Savel, en Matheysine, abandonnent Domène et se recentrent sur leurs possessions de Monteynard, dont ils prennent le nom. Malgré ce déplacement, les Ainard continuent de se faire inhumer dans l'église prieurale aux XIVe et XVe siècles et assurent des revenus destinés à des cérémonies funéraires somptueuses. Après la décadence de la vie religieuse aux XVIIe et XVIIIe siècles, le prieuré est totalement abandonné et ses bâtiments, à l'exception de l'église, sont vendus comme Biens nationaux lors de la Révolution. Les vestiges sont rachetés en 1839 par la famille de Monteynard, descendante des fondateurs, puis classés au titre des monuments historiques le 1er juin 1943. L'association de Sauvegarde du Patrimoine Doménois, créée en 1986, assure l'entretien des ruines et organise quelques visites.
