Origine et histoire du Prieuré
Ancienne chapelle
Cette ancienne chapelle priorale dépendait de l’abbaye du Moutier‑d’Ahun (Notre‑Dame d’Ahun), diocèse de Limoges, et a été édifiée au XIIe siècle. Initialement église primitive de Drevant consacrée sous le vocable de saint Julien, elle figurait en 1055 parmi les dépendances de l’abbaye qui y établit un prieuré‑cure. Le prieuré bénédictin de Drevant a joué un rôle majeur dans la formation du village et dans l’activité économique locale, notamment par la culture de la vigne et la perception de redevances en vin, grains et argent. Son domaine comprenait bâtiments, terres, un port et un bac sur le Cher, bateaux, pressoirs, cimetière, dîmes et divers droits sur Drevant, Colombier, La Groutte et Venesmes. Une bulle pontificale de 1181 confirme la propriété du prieuré par le Moutier‑d’Ahun ; d’autres actes cités dans les archives mentionnent des cessions de dîmes et des liens avec la mense abbatiale au cours du Moyen Âge. Après un incendie, le pignon fut rehaussé et la charpente refaite en 1712 ; le prieuré continua de fonctionner jusque dans la période révolutionnaire, puis fut vendu comme bien national et transformé, en conservant le chœur à chevet plat, la voûte romane en pierre et la façade. D’importantes campagnes de restauration ont été menées en 1974 et en 2011. La porte latérale sud, datée du XVe siècle, est signalée comme un remploi provenant de Saint‑Amand‑Montrond. Le prieuré a été classé au patrimoine clunisien et candidat à l’inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO dans le cadre de la candidature « Cluny et les sites clunisiens », démarche portée par la FESC Cluny ; il est également rattaché à la Fédération européenne des sites clunisiens depuis 2015. Le programme culturel porté par les propriétaires et l’association CRHEA a reçu des labels et organise chaque année des manifestations et expositions dans le jardin du prieuré, qui participe à un circuit régional « Berry Clunisien ». La façade, inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1926, constitue un bel exemple d’art roman en Berry : la pierre dorée y est sculptée en trois arcatures voûtées en plein cintre et un portail au tympan nu est encadré de colonnettes aux chapiteaux ornés de feuilles striées, de têtes humaines et d’un animal. Les archivoltes présentent un décor répétitif de motifs géométriques et une arcade aveugle complète le décor ; un bandeau supérieur repose sur huit modillons polychromes à l’origine, animaliers et humains, de style poitevin et expressifs. Autour de la chapelle s’est développé un ensemble funéraire où ont été mis au jour des sarcophages en calcaire et des inhumations en pleine terre, dont des sépultures attribuées aux seigneurs de Charenton. Les fouilles dirigées à partir de 1974 ont révélé une stratigraphie dense allant d’un habitat du IIIe siècle apr. J.‑C. à une nécropole du XVIIe siècle, avec un niveau haut‑médiéval contenant des inhumations en sarcophages. Parmi le mobilier découvert figurent un sarcophage gravé d’une croix, une stèle funéraire gallo‑romaine représentant un homme barbu et un dépôt monétaire. Une campagne de 1978 a dégagé une zone d’inhumations du début du XVIIIe siècle, un puits, des structures de soutènement et des fragments d’hypocauste. Les archives et l’inventaire général documentent l’ensemble ; des ressources et notices sont consultables dans les bases Mérimée et auprès du CRHEA.